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Abou Ghraib : Les petits jeux de Lynndie

Après avoir été décrite mercredi comme « indisciplinée », Lynndie England a été dépeinte jeudi comme une jeune personne influençable, placée sous la coupe de Charles Graner, de qui elle attend un enfant.
Deux militaires ont témoigné, en ce sens, au troisième jour d’audience devant la Chambre d’accusation du tribunal militaire de Fort Bragg (Caroline du Nord, est), chargée de décider si Lynndie England devait être jugée par une Cour martiale.
La réserviste de 21 ans, qui suit les débats sans réagir, risque 38 ans de prison si elle est reconnue coupable des 19 chefs d’inculpation portés contre elle.
Les deux témoins appelés jeudi matin ont confirmé ce que montraient les photos parues dans la presse: Lynndie England a activement participé aux scènes d’humiliation des détenus.
Interrogés au cours de l’enquête, les prisonniers maltraités « ont décrit un soldat dont la description concorde avec la sienne », a indiqué jeudi l’agent spécial Manora Iem. Les premiers sévices, a-t-il rapporté, avaient coïncidé avec le début du Ramadan, à l’automne 2003, et « prenaient place durant les soirées », lorsque Charles Graner était en charge de l’unité de surveillance des prisonniers.
Le militaire moustachu, divorcé et père de deux enfants, a également été mis en cause par un autre enquêteur appelé à témoigner jeudi, Tyler Pieron. Après avoir parlé avec le sergent Javal Davis, le soldat qui a alerté la hiérarchie des abus, a avoué « Mon impression était que Graner était le meneur ».
Graner fait partie des sept militaires inculpés pour ce scandale qui avait fortement embarrassé l’administration de George W. Bush lorsqu’il avait éclaté, au printemps, avec la publication de photos très choquantes dans la presse.
Lynndie England y est notamment montrée en tenant en laisse un prisonnier irakien nu, recroquevillé dans un couloir de la prison, ou en pointant du doigt les organes sexuels de détenus déshabillés.
Au delà de la personnalité de la jeune femme, ses défenseurs tentent de mettre en cause la responsabilité de la hiérarchie militaire, que ce soit sur le flou des ordres donnés aux soldats ou sur leur manque de formation. Ils estiment également que les enquêtes de l’armée auraient dû être plus approfondies, au delà des seuls soldats soupçonnés.
L’avocat Richard Hernandez a ainsi déclaré, mercredi, que l’administration avait fait de sa cliente un « bouc émissaire ».
A l’issue de l’audience préliminaire, prévue jusqu’à la fin de la semaine, la justice militaire décidera si les accusations sont suffisantes pour la Cour martiale devant laquelle Lynndie England risque, outre la prison, un départ « déshonorant » de l’armée.
En attendant, la jeune femme, enceinte de près de sept mois, occupe un emploi administratif sur l’immense base de Fort Bragg.
L’un de ses anciens collègues, le soldat Jeremy Sivits, a été condamné à un an de prison et renvoyé de l’armée en mai par une Cour martiale américaine à Bagdad.

• Justin Cole (AFP)

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