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Algérie : La maladresse de Belhadj

«Je salue les moudjahidine sur le sol de la résistance en Irak, que Dieu les aide à faire face, avec fermeté et détermination, à l’occupant spoliateur, à ses agents et ses acolytes d’autant que l’histoire nous a appris que le jihad et la résistance sont la seule réponse à l’occupation ». Ce sont les mots qu’Ali Belhadj, ex-numéro 2 du Front islamique du salut (FIS) le parti islamiste algérien dissous, avait déclarés lors d’une intervention diffusée par la chaîne arabe Al-Jazira. Des mots qui vont lui valoir d’être interpellé par les autorités algériennes pour « apologie de crimes ». Il a été placé sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal d’Hussein Dey à Alger et devait rejoindre la maison d’arrêt d’El Harrach en attendant d’être entendu une nouvelle fois. Interdit de faire des déclarations politiques, de s’adresser à la presse ou de prêcher dans les mosquées, Ali Belhadj risque désormais de purger une peine d’emprisonnement qui peut aller jusqu’à 10 ans, assortie d’une amende de 100.000 à 500.000 dinars algériens.
La déclaration de Belhadj est survenue peu avant l’annonce de l’exécution des deux diplomates algériens enlevés en Irak. La chaîne qatarie avait interrogé ce vétéran du FIS sur le rapt des deux diplomates. Il a déclaré que « les deux Algériens ont été enlevés en tant que diplomates et ambassadeurs. Or, en accréditant des ambassadeurs et des diplomates dans un pays sous occupation, (leur) Etat ne fait que légitimer cette occupation, ce qui est inacceptable aux plans de la charia et de la politique ».
L’ancien adjoint de Abassi Madani a jouté qu’il n’y a pas de peuple, autre que le peuple algérien, qui puisse comprendre la résistance en Irak. Par ailleurs, il a affirmé qu’il ne pouvait pas dicter aux moudjahidine ce qu’ils doivent faire pour les deux diplomates algériens enlevés.
« Je formule une requête et j’espère qu’elle sera prise en considération », avait affirmé Belhadj avant que son intervention ne soit interrompue. Ce message serait une demande de libération des diplomates en reconnaissance au peuple algérien, avait, de sa part, affirmé son frère Abdelhamid. Ce dernier a été lui aussi convoqué par le parquet pour avoir tenu des propos jugés contraires à l’intérêt de la nation. Il est accusé de complicité. Abdelhamid Belhadj a été mis sous contrôle judiciaire. Les avocats des deux prévenus n’ont pas été autorisés à assister à l’audition.
Ali Belhadj, a quitté la prison le 2 juillet 2003 après avoir passé 12 ans derrière les barreaux. Après sa libération, il a été interdit de faire toute déclaration politique, des prêches, d’assister à des réunions publiques et d’y prendre la parole. Malgré cette interdiction, les autorités algériennes craignaient qu’il ait des rencontres discrètes avec des islamistes en profitant des prières qu’il effectues dans de nombreuses mosquées d’Alger pour nouer des contacts notamment avec des jeunes. C’est pour cette raison, que depuis sa remise en liberté, il fût constamment surveillé par des policiers en civil. 
L’ex-numéro 2 du FIS est connu pour ses prêches enflammés ayant subjugué les foules de fidèles et pour ses critiques virulentes du pouvoir, jusqu’à son arrestation en juin 1991. Il avait refusé de signer un procès-verbal du tribunal militaire de Blida (50 km au sud d’Alger) à sa sortie de prison, lui signifiant toutes ces interdictions. Le pouvoir algérien reproche au FIS et à ses dirigeants d’avoir poussé à la violence et la création de groupes armés islamistes qui ont plongé le pays depuis 1992 dans des violences qui ont fait plus de 150.000 morts, selon des chiffres officiels.
Rappelons qu’après l’annulation des élections de décembre 1991 remportées par le FIS, le parti a été dissous et ses dirigeants avaient été condamnés à des peines d’emprisonnement.
Le chef historique du FIS, Abassi Madani, libéré en même temps que Belhadj, se trouve depuis fin août 2003 au Qatar après avoir séjourné en Malaisie, officiellement "pour des soins". Il a été condamné, lui aussi, à 12 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l’Etat", dont une partie passée en résidence surveillée.

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