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Beyrouth : Un sommet historique

Les dirigeants arabes, avec ou sans le leader palestinien Yasser Arafat, se réunissent mercredi à Beyrouth pour un sommet qui devrait entériner une offre de paix saoudienne proposant une normalisation du monde arabe avec Israël en échange de son retrait des territoires occupés. Une fois adoptée, l’initiative saoudienne qui fera l’objet d’un document à part des résolutions générales de ce sommet arabe ordinaire, constituerait pour les pays arabes la base d’un traité de paix global entre eux et l’Etat d’Israël créé en 1948 de la partition de la Palestine.
L’Egypte, d’abord irritée d’en avoir été informée par le biais d’une interview du Prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz au New York Times le 17 février, s’est ralliée à l’initiative. Son président, Hosni Moubarak, tout en déconseillant à M. Arafat d’y venir, a assuré mardi que « Le sommet va avaliser l’initiative saoudienne », dans une interview au quotidien libanais «An nahar». Le chef de la diplomatie syrienne, Farouk Al Chareh, a nié mardi que son pays, traditionnel partisan de la fermeté vis-à-vis d’Israël, ait formulé des réserves. « La Syrie participe à la rédaction de cette initiative. C’est Israël qui la refuse », a-t-il affirmé.
L’Arabie Saoudite souhaite que son initiative soit adoptée à l’unanimité. L’opposition du Liban qui a tout compromis sur la clause portant sur le droit au retour des réfugiés palestiniens n’a pu être surmontée lundi par les chefs de la diplomatie. Le sommet devra trancher. Appuyé par la Syrie, le gouvernement libanais exige une formulation qui lui garantisse que les quelque 376.000 Palestiniens sur son territoire n’aient pas le droit de s’y implanter définitivement. Les pays qui appuient l’initiative comme la Jordanie et l’Egypte rétorquent que le texte doit tenir dans une page et ne pas aller dans le détail et que chaque pays devra négocier ensuite certains points avec Israël. Le suspense continuait mardi de régner quant à la venue à ce sommet du président palestinien, à laquelle les Etats-Unis sont favorables. Israël exige un arrêt des violences palestiniennes et une application du plan américain Tenet sur un cessez-le-feu comme condition au départ à Beyrouth de M. Arafat de Ramallah (Cisjordanie), d’où il n’est pas sorti depuis près de quatre mois. Il ne garantit pas non plus son retour.
Pour le cas où il ne viendrait pas, M. Arafat s’adressera à ses pairs par liaison satellitaire, sur grand écran. Son absence ne devrait cependant pas remettre en cause l’adoption du plan Abdallah, selon la délégation palestinienne. Selon M. Moubarak, le Sommet Arabe en transmettra le texte aux Nations Unies et un comité de suivi sera formé, qui pourrait ensuite convoquer un sommet extraordinaire. « Mais, a-t-il fait remarquer, je ne fais aucune confiance à Israël et je ne crois pas qu’il va l’accepter ».
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a déjà fait savoir que la restitution de tous les territoires conquis en 1967 serait contraire à la sécurité d’Israël. Selon les analystes arabes les plus sceptiques, il s’agissait pour l’Arabie Saoudite, en froid avec les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre, de faire un geste de conciliation. Des critiques radicaux, comme le Hezbollah Chiite libanais, croient que l’offre saoudienne fait partie d’un plan concocté à Washington pour mettre en sourdine la crise israélo-palestinienne, afin d’isoler l’Irak et de le frapper s’il continue de refuser le retour des inspecteurs du désarmement de l’ONU sur son sol. Une analyse qui reflète, selon des diplomates arabes, les convictions de la Syrie, et de son allié non arabe, l’Iran, deux pays qui soutiennent le Hezbollah. L’Irak, se sentant dans le collimateur des Etats-Unis, cherchera à Beyrouth à obtenir le soutien du monde arabe dans son dialogue avec l’ONU, qui doit reprendre le 18 avril à New York.
En dehors de l’initiative saoudienne, le Sommet doit adopter une cinquantaine de résolutions, notamment sur la question palestinienne (Intifada, Jérusalem).
Pour la première fois, certaines porteront sur des questions d’ordre économique en soutenant la libéralisation des échanges entre les pays membres.

• Pascal Mallet (AFP)

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