Les spéculations sur la longévité politique du Premier ministre ont été relancées à quelques jours d’une échéance difficile pour M. Blair, dont la popularité est érodée par le conflit irakien : la publication des conclusions d’une enquête censée faire la lumière sur les processus qui l’ont conduit à croire que l’Irak possédait des armes de destruction massive.
Tony Blair a « reconsidéré sérieusement » son rôle à la tête du gouvernement, selon l' »un de ses plus proches alliés », a affirmé samedi le Sunday Telegraph, confirmant des informations révélées la veille par la BBC.
« Le point critique est arrivé il y’a environ six semaines, lorsqu’il était assailli par des problèmes politiques comme les tortures présumées commises par les forces de la coalition sur des prisonniers irakiens et par des problèmes familiaux », croit savoir le “Sunday Telegraph”.
« Cinq au moins » de ses ministres l’auraient dissuadé de jeter l’éponge, écrit le “Sunday Telegraph” : Charles Clarke (Education), John Reid (Santé), Tessa Jowell (Culture), Patricia Hewitt (Commerce et Industrie) et Lord Charles Falconer, le « Lord Chancellor » (équivalent du ministre de la Justice). Mais c’est son épouse Cherie qui l’aurait vraiment convaincu de rester, relate le “Sunday Telegraph”. Plusieurs membres du gouvernement, parmi les fidèles du Premier ministre, ont fait dimanche le tour des plateaux de télévision pour démentir ces informations.
« Je crois qu’il n’a jamais envisagé » de démissionner, a déclaré le ministre de l’Education, Charles Clarke. M. Clarke a admis être allé voir M. Blair pour lui apporter son soutien : « Je soutenais ce qu’il faisait et je voulais faire tout mon possible pour l’aider. (…) En fait, la discussion a duré une minute parce qu’il était clair qu’il avait la pêche et n’était pas découragé par les spéculations dans les médias. » « Je pense que sa position est très solide, l’a toujours été, n’a jamais été menacée et qu’il va continuer jusqu’aux élections et au-delà », a affirmé M. Clarke.
« Je ne crois pas que Tony Blair ait jamais projeté de démissionner », a, quant à lui, déclaré un autre fidèle allié de M. Blair, le ministre de la Santé, John Reid. « Il nous conduira aux prochaines élections et, si Dieu et l’électorat le veulent, sera Premier ministre de ce pays pendant de nombreuses années », a-t-il poursuivi.
Le numéro deux du gouvernement, John Prescott, avait toutefois reconnu en mai dans la presse que les ministres étaient en train de se repositionner pour préparer leur avenir avec un autre Premier ministre, relançant les spéculations sur un passage de témoin à Gordon Brown, l’éternel rival de Tony Blair.
Selon la presse, un accord secret aurait été passé en 1994, au terme duquel M. Blair aurait accepté de passer la main à M. Brown au milieu de son deuxième mandat.
Les partisans de M. Brown, ministre de l’Economie et des Finances, estiment que le moment est maintenant venu, mais M. Blair a toujours affirmé en public son intention de mener son parti aux élections législatives, attendues pour l’an prochain.
Loin de ses triomphes aux élections législatives de 1997 et 2001, le Labour s’est classé troisième aux élections européennes et locales de juin. Un nouveau test de sa popularité aura lieu jeudi avec deux élections législatives partielles, à Birmingham et Leicester (centre de l’Angleterre).
• Catherine Fay de Lestrac (AFP )