24 heures

Comment l’assassin a perpétré son crime

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«Aussi bien dans sa vie que dans sa mort, Abdelakrim Aboussaâd était toujours généreux, fort et digne», affirme Mohamed, professeur universitaire, frère du défunt, à ALM qui a rendu visite, ce samedi 24 février, à la famille Aboussaâd au quartier Tarek, à Sidi Bernoussi. Bien que les responsables tentent d’expliquer, dès le début, que ce crime n’est qu’un acte criminel isolé et perpétré par vengeance, Mohamed favorise la piste terroriste. Le parcours de l’assassin, Mustapha Sarnane, réunit tous les éléments attestant d’une telle éventualité. Né en 1967, ce jeune Safiot est issu d’une famille à antécédents judiciaires. Il a quitté l’école deux ans après avoir intégré le lycée dans l’objectif de travailler comme gardien de barques. A l’instar de son frère aîné, Mustapha a fini par faire ses premiers pas dans le monde de la délinquance. En 1993, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour constitution d’une association de malfaiteurs et vol qualifié.  Influencé par des obscurantistes qu’il avait rencontrés en prison, il en est ressorti la barbe bien fournie et le vestimentaire réduit au kamiss et à des sandales en cuir.  Il ne ratait plus aucune des cinq prières de la journée. Quelques jours après sa remise en liberté, son cadet de trois ans, Abdelhadi, a été arrêté à son tour pour être condamné à dix ans de réclusion criminelle. Quelques mois plus tard, son aîné, Ahmed, est arrêté et a écopé de six ans de prison ferme. Les deux frères de Mustapha purgent actuellement leurs peines à la prison locale de Safi. Ses quatre autres frères purgent également des peines d’emprisonnement ferme à Casablanca et à Essaouira sous différrents chefs d’inculpation. Entre-temps, Mustapha s’est marié avec Loubna, une jeune femme de Safi obligée d’abandonner sa garde-robe en faveur de la burqa. Trois enfants ont égayé leur foyer durant ces sept années de mariage. Il a passé la majorité de ces années à Dakhla. Sa relation avec la mer, les barques et la pêche en général l’a obligé à choisir cette ville côtière. Il ne la quittait que rarement pour rendre visite à sa famille ou à sa belle-famille à Safi. Fin janvier 2007, il emmène sa femme et ses trois enfants vers sa ville natale. Trois jours plus tard, le temps d’installer les siens, repart vers Dakhla. Ce lundi 19 février, Mustapha était déjà à Safi. Y était-il le dimanche ? Peut-être. Si oui, est-il la personne qui a jeté des pierres, la veille, sur la porte de la maison d’Abdelkarim Aboussaâd ?
«Il a téléphoné le lundi soir à sa femme et lui a raconté avoir entendu, la veille de son assassinat (dimanche dans la nuit) des jets de pierres sur sa porte et des chiens qui aboient…Il lui a précisé être resté chez lui sans penser sortir pour voir ce qui se passait dehors…», précise à ALM le frère du défunt. Etait-ce l’assassin qui était venu pour le provoquer et le faire sortir ?  Lundi soir, ce dernier était prêt à passer à l’acte. Pour réussir son coup, il s’est déguisé en militaire avant d’enfiler une cagoule. Derrière un arbre situé à une vingtaine de mètres de la prison civile, il guette sa victime. Quelques minutes plus tard, Aboussaad est arrivée à bord de sa voiture. Comme d’habitude, il a garé son véhicule à l’intérieur de la prison puis s’est dirigé vers son domicile. Il parlait au téléphone lorsqu’il a été surpris par Moustapha Sarnane qui lui a tiré une balle dans le dos. La victime tombe par terre. L’assassin se retourne rapidement croyant entendre le bruit de la porte de la prison qui s’ouvrait. Il n’en était rien. Après quoi, il jette deux CD Rom à côté du cadavre et allume des pétards qu’il jette dans la direction de la porte d’entrée du centre pénitentiaire avant de s’enfuire. C’est d’ailleurs grâce aux deux CD qu’il sera démasqué. La police ayant pu retrouver des traces du lieu où il a téléchargé les documents qu’il y a enregistré. Ce qu’il voulait une manière de brouiller les pistes devint l’indice qui mit la police sur ses traces. Aux enquêteurs, il a avoué avoir utilisé un pistolet 9 mm, fabriqué en Irak, qu’il a acquis auprès d’un trafiquant d’armes en Mauritanie avant de l’introduire au Maroc par le poste frontalier de «Bir Guendouz». Il a également avoué avoir  tué Abdelkarim Aboussaâd d’une seule balle et  a gardé les cinq autres.  Qui aurait pu être sa deuxième victime ? Les noms cités dans le communiqué contenu dans les deux CD Rom jetés par le mis en cause près du corps du défunt auraient-ils été ses prochaines cibles ? Le mystère demeure.

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