24 heures

Consternation à Jibla

Les habitants de Jibla, dans le Yémen profond, se disent affligés devant le spectacle de la mort qui a frappé aveuglément, lundi, l’hôpital baptiste de leur ville, faisant trois tués américains.
« Je ne comprends pas que l’on ait attaqué l’hôpital. C’est un crime impardonnable parce que ces gens (les médecins) nous ont aidés et certains nous ont soignés dans nos propres maisons », s’indigne Ali Abdou, restaurateur.
Dans cette petite ville perchée sur un flanc d’une montagne surplombant une riche plaine agricole, diverses versions circulaient sur l’acte du tueur fou qui a affirmé, selon les enquêteurs, avoir agi pour stopper le prosélytisme de ces Chrétiens qui ont décidé de vivre dans cette terre d’Islam, terreau de la famille ben Laden et terrain fertile de l’islamisme le plus radical. Certains rejettent cet acte comme contraire à l’islam. « Il s’agit d’un acte de terrorisme en contradiction avec l’Islam et notre éthique », dit Abdel Malek Omrane, la trentaine.
Selon les habitants, le tueur est venu du nord, de la province d’Omrane, à 60 km au nord de Sanaa, alors que selon certaines informations, il était originaire de Damar, à 90 km au sud de la capitale. En fin de journée, l’auteur de l’attaque Abed Abdel Razzak Al-Kamel, 32 ans, était aux mains des forces de l’ordre à Ibb, chef-lieu de la province du même nom, située à une dizaine de km de Jibla.
L’hôpital, une succession de bâtiments bas, était encerclé par les forces de l’ordre et la ville bruissait de toutes les rumeurs. Ici, on raconte que le tueur était armé d’un pistolet Makarov, qu’il avait réussi à dissimuler sous l’aisselle, en entrant dans l’établissement alors que selon des sources hospitalières, il avait tiré à la Kalachnikov.
Mais qu’importe l’arme, font remarquer certains habitants, en soulignant que le mal a été fait. D’autres affirment que l’arme s’était enrayée et qu’autrement le tueur aurait fait plus de victimes.
Jibla se targue d’une longue histoire et du fait que ses habitants, qui disent que le tueur ne peut être des leurs, se consacrent à la culture des légumes et du qat, plante euphorisante consommée à une large échelle au Yémen et ont depuis longtemps renoncé à porter des armes. Certes, le pays est décrit comme une terre d’élection du réseau terroriste d’Oussama ben Laden, mais à Jibla, cet acte a profondément choqué.
Selon les habitants, la Southern Baptist Convention’s International Mission Board, basée à Richmond (Virginie), se préparait à transférer la gestion de l’hôpital de 77 lits à l’Association populaire yéménite proche du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG) du Président Ali Abdallah Saleh.
L’hôpital a ouvert en 1967 dans l’ancien Yémen du sud alors communiste. Il soigne 40.000 malades par an en moyenne. Il devait être géré par cette association, la deuxième du pays après celle du parti islamiste Al-Islah, l’Association caritative Al-Islah du président du Parlement et chef des puissantes tribus des Hached, Abdallah Al-Ahmar.
Selon les enquêteurs, le tueur était lié à l’assassin du numéro deux du Parti socialiste yéménite (PSY), Jarallah Omar, abattu, samedi par balles en plein congrès d’Al-Islah à Sanaa, par un dénommé Ali Al-Jarallah.
Il a déclaré, selon eux, faire partie d’une cellule de cinq activistes islamistes chargée d’exécuter cinq opérations, précisant que l’une de ces opérations était l’assassinat de Jarallah Omar.
De son côté, l’agence officielle Saba, citant des enquêteurs, a indiqué que l’extrémiste avait déclaré être un disciple de l’assassin du responsable du PSY, dont il suivait les prêches.

• Hammoud Mounassar (AFP)

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