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Décryptage : jamais mieux servi que par soi-même ?

Le Haut Commissariat au Plan (HCP) a fait un énorme tapage sur l’étude que l’enquête qu’il a lui-même menée sur la perception par les ménages marocains de son travail. Une enquête qui surprend par son caractère un peu bizarre, il faut l’avouer. D’abord, il y a un problème d’inconciliabilité flagrant entre l’enquêteur et le sujet de l’enquête puisque le HCP agit dans cette affaire en juge et partie – ce qui rend les résultats très peu crédibles et ce quel que soit le niveau de neutralité de ceux qui ont mené les sondages ou de ceux qui les ont analysés. Deuxièmement, certains résultats sont très étonnants. Par exemple, on y découvre que 58% des ménages marocains préfèrent le HCP comme source de données alors que 9% privilégient les sources étrangères et 7% accordent la même fiabilité aux chiffres publiés par les deux sources de données. Or, jusqu’à preuve du contraire, la majorité des ménages marocains ne connaît que l’aspect «recensement de la population» du travail du HCP. Et même pendant l’opération de recensement, la majorité des gens considère qu’il s’agit d’une opération officielle menée par l’Etat et c’est tout. D’ailleurs, la même étude élaborée par le HCP laisse passer une donnée très significative selon laquelle 45% des ménages ne savent même pas  quel est le statut du Haut Commissariat au Plan – une manière adoucie de dire qu’ils ignorent complètement de quoi il s’agit. Alors avancer que la majorité des ménages marocains (58%+9%+7%) s’intéresse aux différentes statistiques publiées par le HCP et les organismes internationaux est un résultat assez surprenant. En fait, ce qu’il faut déduire de cette étude, c’est que le HCP a un problème de fond, à savoir qu’il continue toujours à chercher à la fois une identité et une crédibilité. L’identité car il n’arrive pas encore à s’ériger en organisme de référence dans son propre domaine au point de pouvoir alimenter le champ politique national en données capables de susciter des débats entre la majorité et l’opposition, mais aussi, et surtout, à permettre aux électeurs de décider de la réussite ou non d’un gouvernement. Il a aussi un problème de crédibilité car le manque de confiance dans les chiffres qu’il avance est une réalité indéniable. Pour preuve, on citera le taux de chômage que le HCP situe en deçà de 10%. Ce chiffre a beau être vrai, il n’est pas reconnu par les partenaires politiques. Ce qui fait qu’il ne peut servir d’argument électoral au profit de la majorité. Cette situation est très délicate. Il faut le reconnaître. Mais la solution ne réside pas dans l’application de l’adage : «on n’est jamais mieux servi que par soi-même». La solution réside, peut-être, dans une opération de remise en cause profonde qui peut aboutir à un changement palpable de la perception que les citoyens et surtout les décideurs économiques et politiques ont des statistiques publiées par le HCP. Pour ce faire, il faut d’abord reconnaître qu’il y a un problème. Être dans le déni et s’obstiner à vouloir démontrer que l’on est sain quand on est malade, est une voie qui ne mène nulle part.

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