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Délit d’omission

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Les autorités compétentes ont lancé une campagne contre les livres faisant l’apologie du chiisme. L’objectif de l’opération est de saisir ces livres, d’abord, et, de remonter la filière de leur distribution, par la suite. D’aucuns lient cette opération aux derniers rebondissements dans la crise maroco-iranienne et la volonté de l’Etat de faire la purge des outils de propagande chiite qui ont pu s’infiltrer au Maroc. Ce qui est tout à fait normal. Mais, ce qui ne l’est pas, par contre, c’est le fait de laisser une situation anormale prendre de l’ampleur, et ne réagir qu’une fois qu’il existe un fait aussi grave que la crise diplomatique avec l’Iran. Car, dans ce genre de situation, on constate qu’il existe une certaine confusion de rôles qui entraîne une démission d’une entité qui a la responsabilité de veiller sur la sécurité idéologique de l’édifice religieux marocain en faveur d’une autre qui dispose des outils d’action pour faire appliquer la loi. En deux mots : le ministère des Habous, qui est censé détecter toute intrusion d’une littérature islamique contraire aux valeurs marocaines et, demander, en cas de besoin, une intervention des autorités ayant le monopole de l’usage de la force publique, qui est le ministère de l’Intérieur, donne l’impression de ne pas assumer cette responsabilité. Cela rappelle ce qui se passait avant pour les livres de la Salafiya Jihadia. Pendant des années, le marché du livre était envahi par des ouvrages faisant l’apologie du Wahhabisme et de la violence. Il y avait non seulement des livres importés d’autres pays, mais aussi des ouvrages édités et imprimés au Maroc dont des livres de l’idéologie takfiriste. Les services chargés d’enquêter sur les actes terroristes du 16 mai 2003 se sont d’ailleurs retrouvés face à une réalité aussi choquante que frustrante. Ils n’imaginaient pas que la littérature appelant à la violence circulait avec autant de facilité au Maroc alors qu’aucune alerte n’avait été donnée par les services des Habous. Pourtant, on vendait tout cela aux portes des mosquées, dans les stands des marchés du livre islamique que l’on organisait partout à l’occasion du mois sacré du Ramadan, etc.
Le ministère de l’Intérieur est un département qui a la lourde responsabilité de préserver la sécurité du pays et des citoyens sous toutes ses formes. Mais, c’est un département qui est censé être assisté par toutes les autres administrations de l’Etat qui ont l’obligation d’observer, d’étudier, d’analyser, de constater et, ce qui est très important, d’alerter, chacune dans son domaine, contre tout ce qui est susceptible de porter atteinte au pays ou de menacer ses citoyens. Se cantonner dans la position, confortable, du spectateur indifférent et tout mettre sur le dos de l’administration territoriale est une attitude qui est facilement qualifiable de délit d’omission.

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