24 heures

«Dieu et Son Envoyé sont plus savants»

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a organisé, samedi 20 juin à Casablanca, un colloque international sur le thème «L’Islam en Europe: quel modèle ?». La question est intéressante étant donné que l’Islam n’a jamais été au cœur de l’actualité autant que ces dernières années. D’un point de vue intellectuel et académique, la question se justifie bien que l’actualité aurait voulu que le CCME s’intéresse à d’autres sujets: «Les Marocains du monde face à la crise économique», «Le retour définitif au pays pour échapper à la crise», «Comment le Maroc peut-il bénéficier de la crise mondiale pour récupérer ses cadres à l’étranger ?», etc. Au moment où la majorité des centaines de milliers de Marocains rentrent au pays à la recherche de repères qui leur permettraient de survivre aux effets dévastateurs de la crise – dont ils sont les premières victimes –, la recherche d’un modèle religieux spécifique à la vie en Europe semble être la dernière des préoccupations de nos MRE.
Mais, cela n’empêche pas le fait que le sujet est intéressant. Même si la manière avec laquelle il est posé pose problème. S’agit-il de s’interroger sur le modèle de la religion elle-même à travers ses fondements, ses principes, ses règles et ses rites, ou du modèle de la gouvernance de ses adeptes notamment à travers des structures dédiées comme le Conseil du culte musulman en France.
Les interventions ont touché à ces deux volets. Et si sur le deuxième aspect, toute suggestion et toute critique aux modèles actuels sont acceptables, sur le premier volet, la spécificité du sujet impose une certaine prudence intellectuelle et politique. Car, parler de modèles religieux adaptés est un sujet qui revêt une particularité en Islam étant donné que l’un des principes de base de cette religion est qu’elle est universelle et qu’elle est faite pour toutes les sociétés et tous les temps. Parler de modèles spécifiques à l’Europe ou à d’autres régions est une question qui est susceptible d’être ressentie comme une offense par la plupart des ouléma musulmans.
Et c’est la même chose pour la suggestion faite par le président du CCME quant à la nécessité de «développer une jurisprudence spécifique aux musulmans d’Europe inspirée du rite malékite, caractérisé par sa souplesse et sa capacité d’adaptation». Dans le rite malékite – particulièrement –, la jurisprudence est basée sur une hiérarchie des sources qui place le texte coranique en tête, suivi de la Sunna (tradition du Prophète) et vient ensuite la pratique des compagnons du Prophète. Et, en l’absence avérée de réponse dans ces trois sources, l’imam a le droit de procéder à une évaluation de la question conformément à des règles précises, elles-mêmes hiérarchisées. Parler de «jurisprudence spécifique aux musulmans d’Europe», c’est comme exiger que le même processus de fabrication avec les mêmes matières premières puisse générer deux produits différents, l’un pour le marché européen et l’autre pour la consommation nationale. Une même problématique et deux fatwas différentes. Ça fait droit positif alors que la religion relève du droit divin. Et «Dieu et Son Envoyé sont plus savants», comme disaient les compagnons du Prophète.

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