24 heures

Élections africaines

A l’image de la présidentielle du 28 avril au Mali, dont un candidat réclame l’annulation pour cause de « résultats bidon », les élections en Afrique sont souvent source de contestations et de crises, même si quelques alternances réussies laissent espérer des lendemains plus sereins. Le Mali jouit pourtant d’une bonne réputation en matière démocratique : le président sortant n’a pas cherché à se maintenir indéfiniment au pouvoir en triturant la Constitution, et son prédécesseur, un militaire qui avait renversé en 1991 un régime dictatorial, avait passé la main aux civils, sans rechigner, en 1992. Dix ans après, ce militaire, le général Amadou Toumani Touré (« ATT ») brigue à son tour, par les urnes, la présidence, et sera présent dimanche prochain au second tour de l’élection.
Les auteurs de coups d’Etat sont parfois moins prompts à quitter le pouvoir auquel ils prennent vite goût. Ainsi en Côte d’Ivoire, l’auteur du coup d’Etat de décembre 1999, le général Robert Gueï, avait tenté de confisquer le pouvoir à la présidentielle d’octobre 2000. Mais il a finalement été chassé par un vaste soulèvement populaire. Les exemples les plus récents d’élections catastrophiques pour l’image de l’Afrique et dramatiques pour les pays directement concernés ont été les présidentielles au Zimbabwe et à Madagascar.
L’élection zimbabwéenne, du 9 au 11 mars, remportée par Robert Mugabe, 78 ans, au pouvoir depuis 22 ans, a été marquée, selon les observateurs indépendants, par une campagne entachée de violences et de fraudes massives. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, les violences ont fait 54 morts, en majorité des opposants, du 1er janvier au 30 avril.
Les pays occidentaux ont renforcé leurs sanctions contre le régime et le Commonwealth a suspendu le Zimbabwe de ses réunions ministérielles pour un an. A Madagascar, la contestation des résultats du 1er tour de la présidentielle du 16 décembre a mené la grande île à la quasi-sécession, avec un nouveau président, Marc Ravalomanana, basé dans la capitale, et un autre, le sortant didier Ratsiraka, qui a établi son quartier général à Toamasina, sur la côte est. Au moins 16 personnes ont été tuées lors d’affrontements entre les deux camps, l’économie du pays est à l’arrêt, les ponts sont dynamités les uns après les autres et un « accord de réconciliation » conclu le 18 avril à Dakar n’a mené à rien.
Dans l’océan indien, un autre imbroglio électoral se joue aux Comores, archipel rompu aux coups d’Etat, où contestations, demandes d’annulation et invalidation ont accompagné le processus électoral prévu par l’accord de Fomboni (Mohéli) de février 2001 et la nouvelle constitution, adoptée par référendum le 23 décembre dernier.
A l’autre bout du continent, en Guinée, une partie de l’opposition estime que ce n’est même pas la peine d’aller aux élections législatives du 30 juin prochain, tant les dés sont pipés selon elle. En Gambie, le principal parti d’opposition a boudé les législatives de janvier et les locales d’avril dernier pour les mêmes raisons. Le Bénin a également connu un imbroglio politico-constitutionnel en mars 2001, lorsque deux des candidats à la présidentielle avaient crié à la « mascarade » et avaient refusé d’aller au second tour.
Finalement, le président sortant, Mathieu Kérékou, avait été réélu avec 83,64%, mais la participation s’était effondrée. Les taux de participation ont d’ailleurs tendance à baisser dans certains pays (Tchad, Mali…), comme si, après une décennie de multipartisme et quelques élections pluralistes, les électeurs commençaient à douter du poids réel de leur bulletin de vote et à se demander si tout cela vaut bien la peine de patienter pendant des heures sous un soleil de plomb. Au milieu des cafouillages, lenteurs et approximations, des contestations et des violences, certains pays africains font figure d’exception et ont connu récemment des élections exemplaires.
L’alternance s’est opérée calmement en 2000 au Sénégal, où le président vaincu s’est retiré sans broncher. Au petit Cap Vert voisin, un chef d’Etat sortant a fait de même en 2001, acceptant d’avoir été battu par son rival par seulement 12 voix d’écart. Et si les Africains n’ont pas toujours matière à rire quand il s’agit d’élections, ils ont pu constater dans un passé récent que même les grandes nations développées ne s’en sortaient pas toujours bien. Le suspense interminable de la présidentielle américaine ou la mauvaise surprise qu’a réservée l’extrême droite aux Français ont été commentés avec une ironie non dissimulée.

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