Iran : Le missile qui dérange

« Le ministère de la Défense a annoncé que la dernière version du Chahab-3 (Etoile filante) a été testée aujourd’hui », a rapporté l’agence officielle Irna. Le test a « été couronné de succès », le missile ayant « atteint les cibles pré-désignées », selon elle. « Cette expérience sur le terrain était destinée à évaluer les modifications récemment apportées au missile à partir des résultats de la recherche », a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Défense, Ali Chamkhani, avait annoncé, samedi, ces tests comme prochains et expliqué que les améliorations apportées au missile, présenté comme le fleuron, purement défensif et dissuasif, de la technologie militaire d’Iran, ne concernaient « pas seulement la portée, mais aussi d’autres spécificités ». Il s’agit, avait-il expliqué, de répondre à l’augmentation par les Israéliens des capacités de leurs propres missiles. Irna n’a fourni dans un premier temps aucun détail sur les modifications opérées sur le Chahab. D’une portée de 1.300 ou 1.700 kilomètres, selon les sources iraniennes, ce qui met Israël à portée du feu iranien, le Chahab-3, version améliorée d’un missile sol-sol nord-coréen, a été livré le 20 juillet 2003 à l’armée idéologique du régime, les Gardiens de la révolution. M. Chamkhani lui-même avait affirmé, en décembre 2003, que le Chahab-3 faisait partie de l’arsenal auquel son pays recourrait contre Israël en cas d’attaque israélienne contre les sites nucléaires iraniens.
Devant la suspicion persistante sur la nature purement civile du programme nucléaire iranien et la détermination affichée par Téhéran à mener à bien ce programme, les conjectures vont à nouveau bon train sur une telle attaque préventive, sur le modèle de celle conduite le 7 juin 1981 par des chasseurs bombardiers israéliens contre les installations nucléaires irakiennes d’Osirak. Le programme nucléaire iranien, que Téhéran ne cesse de proclamer purement civil, est un sujet de préoccupation majeur pour Israël, dont la République islamique refuse de reconnaître l’existence.
Le chef des renseignements militaires israéliens, Aharon Zeevi Farkash, a estimé, le 6 juillet, que l’Iran pourrait disposer de l’arme nucléaire d’ici à 2007. Les avancées balistiques iraniennes ne font qu’ajouter aux inquiétudes de l’Etat hébreu. « Si Israël perd la tête et attaque les intérêts iraniens, nous leur assènerons un coup de masse qui leur fracassera les os », a averti le chef des Gardiens de la révolution, le général Rahim Safavi, cité par l’agence estudiantine, Isna, sans cependant faire référence au Chahab. « Je ne pense pas qu’ils (les Israéliens) feront quelque chose d’aussi stupide », a déclaré, quant à lui, le président Mohammad Khatami devant la presse: « Cela serait très compliqué et leur coûterait très cher ». M. Khatami a réaffirmé que le programme nucléaire iranien était purement civil, les armes atomiques étant contraires aux valeurs islamiques: « Même si elles étaient utilisées contre nous, nous ne nous en servirions pas ». Mais il a aussi exclu que son pays renonce définitivement à enrichir de l’uranium, malgré les instances d’une communauté internationale redoutant que l’Iran n’utilise à des fins militaires de l’uranium qu’il enrichirait pour ses centrales.
L’Iran a accepté, en 2003, de suspendre l’enrichissement en gage de bonne foi. Mais « nous ne demanderons la permission à personne » pour poursuivre les avancées du nucléaire civil, a dit M. Khatami, dont le pays est de nouveau en butte à une pression accrue à mesure qu’approche une réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique en septembre..