Cette annonce est venue alors que le président syrien, Bachar al-Assad ,a envisagé, au début du mois, une reprise des négociations avec Israël sans conditions préalables. Une commission interministérielle israélienne a entériné, mardi, le plan de construction accélérée de 900 maisons dans les implantations agricoles du Golan, ce qui devrait augmenter de 50% en trois ans leur population. « Il s’agit d’envoyer un message clair: le Golan fait partie intégrante de l’Etat d’Israël et nous allons continuer à développer les implantations », a déclaré, mercredi, le ministre de l’Agriculture, Israël Katz, qui préside cette commission. « Je voudrais que le président syrien puisse voir fleurir le Golan israélien » a ajouté M. Katz, qui appartient à l’aile la plus dure du parti Likoud (droite) du Premier ministre, Ariel Sharon. Le plan approuvé par la commission interministérielle à la colonisation vise à porter la population des colonies agricoles de 10.500 personnes à 15.000 environ. Ce projet est le plus ambitieux depuis la conquête du plateau syrien et son annexion en décembre 1981. Sa réalisation passe également par la création de neuf villages agricoles supplémentaires pour des colons juifs, sur les 32 déjà existants. Un porte-parole du ministère de l’Agriculture a indiqué que la décision de commission interministérielle à la colonisation (composée en majorité de ministres d’extrême droite) engageait le gouvernement. Le Parti travailliste a dénoncé ce projet. L’un de ses dirigeants, le député Haïm Ramon, a déclaré que « le seul but du plan est de torpiller à l’avance toute chance de négociation avec la Syrie », qui a toujours réclamé la restitution du plateau du Golan dans sa totalité. « Si le président syrien veut sincèrement aboutir à la paix, Damas devrait cesser son soutien aux groupes terroristes et, en premier chef, au Hezbollah libanais, ce qu’il ne fait pas », estime l’ancien représentant israélien à l’Onu, Dori Gold. Selon ce proche de M. Sharon, le plan de colonisation ne « doit pas empêcher une négociation », car c’est elle qui décidera, en fin de compte de l’avenir du plateau. « La décision israélienne va certainement donner des arguments à la Syrie pour dénoncer l’intransigenace d’Israël, mais elle ne change pas grand chose au fond et semble plus destinée à calmer les alliés d’extrême droite de Sharon », estime, quant à lui, l’orientaliste Avraham Sela. A ce propos le quotidien de langue anglaise Jérusalem Post (droite) relève mercredi des différences d’approche entre la présidence du Conseil et le ministère des Affaires étrangères, qui prend plus au sérieux l’ouverture syrienne. Dans un entretien avec le “New York Times”, Bachar al-Assad avait pressé début décembre les Etats-Unis de soutenir une reprise du dialogue entre Israël et la Syrie. Les négociations israélo-syriennes sont dans l’impasse depuis janvier 2000. A cette date, le Premier ministre travailliste, Ehud Barak, avait accepté un retrait de la quasi-totalité du plateau du Golan mais voulait qu’Israël continue de contrôler exclusivement le lac de Tibériade, son principal réservoir d’eau douce, en se maintenant sur une étroite bande de terre longeant sa rive orientale, ce que la Syrie avait refusé. Le plateau du Golan, dont Israël occupe 1.200 km2, revêt une importance stratégique tant pour l’Etat hébreu, parce qu’il surplombe la Galilée, que pour la Syrie, parce qu’il commande la route vers Damas. Il contient en outre d’importantes sources d’eau. Depuis 1967, 18.500 colons israéliens se sont installés sur le plateau dans 32 colonies agricoles et la ville de Katzerin (8.000 habitants). Dix-sept mille druzes du Golan, qui n’ont jamais renoncé à leur nationalité syrienne, vivent également sur le plateau, dans quatre gros bourgs.
• Marius Schattner (AFP)