Israël a peur que Damas s’approvisionne en missiles russes. « Nous avons demandé à la Russie d’annuler un contrat d’armements avec la Syrie, car ce pays soutient le terrorisme et fournit constamment des armes au Hezbollah », a affirmé le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom.
« Le monde entier cherche à isoler la Syrie à cause de son soutien au terrorisme. La Russie, qui est membre du Quartette, doit renoncer à ce contrat, qui perturberait l’équilibre stratégique régional et nuirait aux efforts de paix », a-t-il ajouté. Le Quartette est une instance réunissant les principaux acteurs internationaux au Proche-Orient (USA, UE, Russie et Onu). Dans un message adressé au président russe, Vladimir Poutine, le Premier ministre, Ariel Sharon, a expliqué que ces armes « mettraient Israël en danger » et pourraient parvenir « au Hezbollah ou à d’autres organisations terroristes », a indiqué à l’AFP un haut responsable israélien sous condition d’anonymat. Israël s’inquiète plus particulièrement des missiles anti-aériens SA-18, appelés aussi Igla, que le président syrien Bachar al-Assad souhaiterait acheter durant sa visite à Moscou le 24 janvier.
Ces engins facilement transportables, dont la Russie est un important producteur, transportent une ogive de 2 kg d’explosifs. Ils peuvent être tirés à l’épaule et leur portée est de 5 à 8 km. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk al-Chareh, a réagi en accusant Israël d’être derrière une « campagne trompeuse » à l’égard de la Syrie. « Dotés de ces armes très précises, les terroristes pourraient mettre en péril nos bases militaires, nos aéroports civils et nos installations stratégiques sensibles », a indiqué le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset, Youval Steinitz.
Le Hezbollah pourrait de la sorte compromettre la suprématie aérienne totale d’Israël dans le ciel libanais, alors que les organisations palestiniennes menaceraient le trafic aérien d’Israël, notamment à l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, à une dizaine de km des limites de la Cisjordanie. Selon le quotidien russe «Kommersant», le contrat d’armements envisagé par Moscou prévoirait aussi la livraison à Damas de missiles sol-sol Iskander-E ou SS-26 d’une portée de 280 km – version améliorée du SS-22 ou Scud dont 39 exemplaires ont été tirés par l’Irak contre Israël durant la première guerre du Golfe. Selon Uzi Rubin, ex-responsable du projet « Homa », un réseau de missiles antimissiles Hetz (Arrow), est en mesure de repérer et intercepter les SS-26 syriens qui doivent forcément être tirés à proximité du territoire israélien.
Conciliant, le vice-ministre de la Défense, Zeev Boëm, a invité la Russie « à tenir compte de ses relations avec Israël et à penser à la place qu’elle veut occuper dans la guerre contre le terrorisme international ». « Nous comptons sur l’intervention des Etats-Unis, car ces missiles (portables) risquent d’être transférés à des groupes d’insurgés qui combattent les Américains en Irak », a en plus, encore indiqué le responsable israélien.
• Par Charly Wegman (AFP)