La campagne électorale pour l’élection des membres des Chambres professionnelles ne semble pas susciter l’intérêt de l’opinion publique. Aucun débat public, aucune polémique entre les candidats et aucune confrontation d’idées ou de programmes. Seuls les journaux partisans passent des annonces des candidats de leurs formations respectives avec des slogans simples et plats. Une situation qui s’explique par le fait que ces élections sont réglées autrement et les messages médiatiquement portés ainsi que les slogans ne changent rien à la donne. Mais, parfois, ce manque d’enthousiasme et cet air de service minimum peuvent donner lieu à de drôles de situations. Dans l’édition du 23 juillet de notre confrère l’Opinion, on peut lire deux discours de campagne électorale qui comportent deux idées totalement opposées. Le premier discours est une sorte d’appel électoral lancé par Youcef Tazi, mandataire de la liste istiqlalienne, aux électeurs les incitant à voter pour le parti de l’Istiqlal. Et le deuxième est une intervention de Abdelhak Tazi, le père du premier, lors d’un meeting organisé par «le parti de la balance» à Casablanca pour présenter les candidats istiqlaliens aux élections des chambres professionnelles.
En appelant les électeurs à voter pour son parti, Tazi fils leur promet une représentation «digne» et une défense sérieuse de leurs intérêts auprès des instances administratives tant marocaines qu’étrangères tout en insistant sur le fait que «la nouvelle loi réglementant les Chambres professionnelles comprend une abrogation stipulant le transfert des compétences du comité de concertation à des compétences d’exécution à même de défendre les intérêts de ses adhérents aussi bien devant les autorités administratives et publiques que devant les ambassades étrangères au Maroc». Pour Youcef Tazi, la nouvelle loi accorde donc aux Chambres professionnelles des compétences élargies que les candidats du parti s’engagent, une fois élus, à mettre au service des membres. Ce que M. Tazi dément lors de son meeting de Casablanca. «Jusqu’à présent, les Chambres ne disposent juridiquement que d’un simple rôle de consultation, elles ne disposent d’aucun rôle d’organisation, de formation. Si l’on ne change pas les textes législatifs organisant les Chambres, rien ne sera fait», a-t-il dit.
Outre la contradiction manifeste entre les deux discours, le ton employé par Abdelhak Tazi, dans son allocution, révèle l’existence d’une conviction à peine voilée chez ce leader du parti de l’Istiqlal de l’inutilité des Chambres professionnelles. Sauf, évidemment, le fait que ces élections constituent le tremplin le plus facile pour accéder à un siège à la Chambre des conseillers.