Huit formations politiques forment un bloc contre le Parti Authenticité et Modernité. Les dirigeants de ce bloc, qu’on serait tenté d’appeler le «P8», se sont réunis et ont édité un communiqué dans lequel ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme la fin de la démocratie et du pluralisme et le début du régime du parti unique au Maroc. Ce communiqué dont le contenu augure de la naissance d’un front commun contre la formation dirigée par Mohamed Cheikh Biadillah, semble être en déphasage total avec la réalité de la conjoncture politique marocaine. Il est signé par huit dirigeants de partis qui dressent un tableau chaotique de la situation politique au Maroc. Pour eux, les élections locales organisées le 12 juin dernier n’étaient pas transparentes, les autorités n’étaient pas impartiales, les trafiquants de drogue y étaient fortement présents, les voix électorales ont été achetées, etc. Bref, c’était l’apocalypse. Et le responsable de cette situation apocalyptique n’est autre que le PAM, estiment les rédacteurs dudit communiqué.
Toutefois, ce texte qui donnerait des frissons à toute personne attachée à la démocratie, est en totale rupture avec la réalité. Et son style alarmant est trompeur à plus d’un égard. D’abord, ses signataires sont des partis dont la représentativité est pratiquement insignifiante. Réunis, ils ne dépassent pas les 300.000 voix sur un corps électoral dépassant les 13 millions d’électeurs. Deuxièmement, ils ont attendu cinq mois pour rendre publique une évaluation aussi radicale sur les élections. Et troisièmement, il existe parmi eux des partis qui faisaient, initialement, partie du projet du PAM. Ils ne l’ont quitté que lorsqu’ils s’étaient rendus compte que le projet n’allait pas servir leurs intérêts politiques directs ni leurs intérêts personnels immédiats.
Maintenant, que le PAM a réussi à décrocher 1.156.848 voix, ils crient au complot contre la démocratie. Or, rien ne menace plus la démocratie que ceux qui refusent de reconnaître la défaite électorale. Il suffit de regarder du côté de certains pays africains pour s’en rendre compte. Les situations catastrophiques dont souffrent quelques pays africains ont été générées par ce genre d’attitude tiers-mondiste qui consiste à contester automatiquement les résultats des élections quitte à aller jusqu’au soulèvement armé. Et c’est ce réflexe tiers-mondiste primitif que l’on reconnaît entre les lignes du «communiqué du P8 ». Malheureusement.