24 heures

Les arabes d’Israël, des laissés-pour-compte

La journée de la Terre, marquée par une grève générale dans les localités arabes d’Israël et un important rassemblement prévu à Arraba en Galilée, commémore la mort, le 30 mars 1976, de six Arabes israéliens tués par l’armée lors de manifestations contre des confiscations de centaines d’hectares de terres.
Depuis lors, chaque année, les Arabes israéliens, les descendants de 160.000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’Etat juif en 1948, mettent à profit la commémoration de cette journée pour dénoncer les discriminations dont ils font l’objet et la précarité de leur situation. Forts de plus d’un million de personnes sur une population totale de quelque 6,5 millions, les Arabes israéliens ont le droit de vote comme tous les autres citoyens israéliens et disposent d’une dizaine de représentants à la Knesset (parlement), sur un total de 120. Ils bénéficient d’un niveau de vie dix fois supérieur à celui des Palestiniens, mais ils se plaignent d’être les laissés-pour-compte de la démocratie israélienne. Les localités arabes reçoivent ainsi beaucoup moins de fonds publics pour leur développement que les localités juives et les permis de construire sont délivrés au compte-goutte. Le point le plus sensible porte sur la confiscation des terres, Israël ayant saisi la quasi-totalité des terres des municipalités arabes pour y installer des immigrants juifs. Le malaise qui règne au sein de la communauté arabe israélienne a été exacerbé depuis le début de l’Intifada palestinienne, fin septembre 2000, 12 d’entre eux ayant été tués par la police israélienne quelques jours plus tard lors de manifestations de solidarité avec le soulèvement dans les territoires.
Dans un rapport rendu public en septembre 2003 après deux ans et demi d’enquête, une commission d’Etat avait infligé un blâme sévère à la police israélienne, proposant de mettre à la retraite certains officiers, mais sans réclamer pour autant de poursuites judiciaires. La commission avait aussi reproché aux autorités de ne pas « faire assez pour mettre fin à la discrimination (subie par la population arabe), afin de lui donner des droits égaux, ni pour imposer en son sein la loi et l’ordre ». Dans un arrêt retentissant publié en juillet 2000, la Cour suprême avait déjà reconnu que la minorité arabe d’Israël était victime de discrimination. Dans son dernier rapport, l’organisation Mossawa, qui défend les intérêt des Arabes israéliens, affirmait que ceux-ci étaient victimes d’une discrimination économique, sociale et politique.
« La haine exprimée (à leur encontre) par des responsables politiques, les attaques physiques et l’incitation (à la haine) raciale mettent en danger la communauté arabe et le caractère démocratique de l’Etat » d’Israël, déclarait Mossawa. De nombreux Arabes israéliens avaient dénoncé les propos tenus en décembre par le ministre des Finances, Benjamin Netanyahu, qui avait mis en garde contre la « menace démographique » qu’ils représenteraient pour Israël.
Selon le rapport de Mossawa, les agglomérations arabes souffrent d’un sous-développement « extrême », notamment les villages bédouins non reconnus qui ne bénéficient pas de services municipaux de bases comme l’électricité. Depuis le début de l’Intifada, un nombre croissant d’Arabes israéliens ont été arrêtés pour leur implication dans des attentats, ce qui a renforcé aux yeux de nombreux juifs israéliens l’impression que cette communauté constitue une sorte de cinquième colonne.

• Ezzedine Saïd (AFP)

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