24 heures

Les tabous de la presse algérienne

«Louisa Hanoune le découvre: il est difficile de parler de la question du Sahara occidental sans faire de vagues, surtout quand on s’écarte dans la formulation de l’énoncé des officiels pour privilégier sa propre terminologie.
Ce qui devrait faire la richesse d’un débat se transforme en anathèmes par-ci, en tentative de récupération par-là. La responsable du PT a entièrement raison de préciser qu’il n’est pas de son ressort de reconnaître ou de ne pas reconnaître la RASD, car cela est des prérogatives de l’Etat. Elle devrait cependant ne pas hésiter à revendiquer le droit d’avoir un point de vue sur la solution qui peut ne pas être conforme à celui exprimé par l’Etat algérien sans essuyer un soupçon de «trahison» ou de «déviation».
S’il est vrai que beaucoup défendent par conviction ou par défaut la position officielle de l’Etat, il est absurde de vouloir faire croire qu’il existe en Algérie un unanimisme sacro-saint sur ce thème. Il suffit de creuser un peu pour découvrir que dans l’éventail des courants politiques, la vision que l’on a du conflit et de sa solution n’est pas forcément la même.
On aimerait plutôt que Louisa Hanoune ne donne pas l’impression d’être en train de se justifier en campant dans une position défensive. Après tout, elle n’engage pas l’Etat algérien, et si des journaux marocains trouvent de l’intérêt à ses propos, cela ne signifie pas qu’elle serait entrée en «trahison». Au contraire, pour la pédagogie, à l’usage de journalistes algériens trop pavloviens sur cette question, elle ferait oeuvre utile en expliquant avec un peu plus de détails sa vision d’une «solution démocratique et pacifique» entre le Maroc et le Polisario.
Même ceux qui sont attachés par «principe» à l’autodétermination ne peuvent occulter qu’il existe une impasse. Imputer cette impasse au Maroc peut se défendre, mais cela ne doit pas être un prétexte pour empêcher les politiques d’avoir des idées plus nuancées, voire carrément différentes.
On se souvient que le général Khaled Nezzar avait suscité des polémiques en affirmant à un journal marocain qu’il est contre l’apparition d’un nouvel Etat dans la région. Contrairement à ce qui avait été suggéré à l’époque en raison de sa qualité supposée de décideur, les idées exprimées par le général Nezzar n’ont pas porté atteinte à la diplomatie algérienne, mais elles ont été utiles au débat, y compris en permettant à ceux qui défendent le principe de l’autodétermination de l’affirmer autrement que par des incantations.
On ne forge pas un consensus sur la base des tabous ou des interdits mais par le débat libre et contradictoire. Cela est valable pour la question du Sahara occidental comme pour les problèmes nationaux. Le rétrécissement de l’expression est déjà une réalité, pour que la presse en rajoute en se posant en censeur des hommes politiques. Au contraire, elle doit les encourager à s’exprimer, quitte à ce que cela heurte ses propres convictions. Les réactions pavloviennes ne font pas de bonnes analyses…»

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