Plusieurs opposants mauritaniens en exil devaient regagner Nouakchott dans la journée d’hier. L’amnistie générale prononcée le 2 septembre par le nouvel homme fort du pays, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, est pour beaucoup dans cette ferveur sans précédent. Les honnis d’hier comme l’ex-commandant Saleh Ould Hanena, l’un des cerveaux du putsh manqué du 8 juin 2003, rentrent au bercail avec les honneurs. Un autre membre des «Cavaliers du changement», Mohamed Ould Hama Vezaz, arrêté le 7 juillet 2003, a été accueilli chez lui, dans les environs de Kiffa par des poèmes et des chants. Selon l’AFP qui cite des sources proches des Cavaliers du changement, plus de deux cents opposants mauritaniens au régime déchu du colonel Maaouiya Ould Taya, exilés en Europe, aux Etats-Unis ou en Afrique, devaient rentrer hier.
L’homme d’affaires mauritanien, le richissime Moustapha Limam Chavi, condamné à 15 ans de prison, souvent présenté en Afrique comme proche du Guide de la Révolution Libyenne, aurait financé un «vol de retour» pour 60 personnes au départ de Bamako. Parmi ces exilés attendus sur le tarmac de l’aéroport international de Nouakchott, figure le chef du commandement militaire des «Cavaliers du Changement», Mohammed Ould Cheikhna, condamné à la prison à vie en février dernier pour ses deux tentatives de putsch. D’autres exilés, membres de l’Alliance patriotique (AP), créée en juillet 2004 à Dakar (Sénégal) par des personnalités opposées à l’ancien régime, devraient être du voyage.
Autre figure de l’opposition extérieure à opter pour le retour, Abdel Nasser Ould Yessa, porte-parole de «Conscience et Résistance », une organisation clandestine de gauche plus connue sur le terrain du Web que par le maniement des armes. Le porte-parole du Forum mauritanien pour la réforme et la démocratie (FMRD), Ahmed Ould Wadiaa, en exil à Bruxelles, est quant à lui rentré depuis samedi.
Mais, malgré cette amnistie générale, 21 familles islamistes attendent toujours la libération des siens, dénonçant une «ségrégation entre les victimes de l’arbitraire ». En tout depuis le discours du colonel Ely Ould Vall, 32 militaires et civils condamnés pour leur implication dans des putschs manqués en 2003 et 2004 sont sortis de prison tandis que 44 islamistes ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire.
Autant de gestes de bonne volonté de la part du nouveau régime de Nouakchott qui veut rompre avec les pratiques du passé. Reste désormais à savoir quelle suite donnera-t-on du dossier sensible des réfugiés et des disparus de la période 1989-91.
Les bruits et contre-bruits suscités par ces retours font oublier la date du mercredi 14 septembre, jour où l’Union européenne se prononcera sur l’attitude à adopter vis-à-vis du nouveau régime. L’UE est l’un des principaux partenaires du pays, assurant près de 61% de l’aide au développement multilatéral dont il bénéficie.