La secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Latifa Akharbach, a participé, jeudi 5 mars à Grenade, à un colloque sur les relations maroco-espagnoles. «Le Maroc et l’Espagne : mémoire partagée et regards croisés», est le thème choisi par les organisateurs de cette rencontre, l’Institut des études hispano-lusophones de l’Université Mohammed V-Agdal, la fondation «El Legado Andalusi» et le Comité Averroès. Selon un communiqué du département de Mme. Akharbach, «ce colloque offrira l’opportunité pour revisiter l’histoire commune du Maroc et de l’Espagne, afin de mieux se projeter dans l’avenir avec un partenariat exigeant et à l’avant-garde d’une nouvelle reconfiguration régionale».
C’est la énième fois que l’on organise un colloque sur les relations entre le Maroc et l’Espagne. Il est donc compréhensible qu’il soit difficile de trouver, à chaque fois, un thème différent. C’est pour cela, peut-être, que l’on ne s’efforce plus de faire preuve d’imagination et on opte toujours pour un thème standard basé sur le principe de croiser «l’histoire» et «l’avenir».
Or, dans le cas des relations entre le Maroc et l’Espagne, spécialement, pour construire un avenir meilleur, il faut tout faire pour éviter de parler du passé. Dire que l’on va construire l’avenir sur la base de notre « mémoire partagée » est une grosse erreur. Car, l’histoire commune des deux pays n’est qu’une série interminable de guerres, de conflits, de malentendus, de colonisations de part et d’autre, etc.
Construire un avenir meilleur entre le Maroc et son voisin du Nord nécessite plutôt que les deux pays aient le regard fixé sur l’avenir tout en oubliant les treize siècles de conflits qu’ils partagent et qui ont fait de la méfiance une règle de principe des deux côtés du Détroit depuis que Tarik Ibn Ziad, un berbère marocain qui venait à peine d’embrasser l’Islam, avait décidé de traverser la Méditerranée pour aller à la conquête de l’Andalousie et jusqu’à la folle invasion par José Maria Aznar de l’îlot Leïla. Améliorer les relations entre le Maroc et l’Espagne passe, d’abord, par omettre de revisiter l’histoire à chaque fois, et, ensuite, par la construction d’une véritable alliance basée sur des intérêts géopolitiques et économiques communs. Ces mêmes intérêts qui ont été à l’origine de tous les conflits qui ont opposé les deux pays pendant plus de 1.300 ans et qui, aujourd’hui, doivent devenir une source de rapprochement et d’union.