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OLP-Koweït : Des excuses qui divisent

Si le geste de M. Abbas, que le dirigeant défunt Yasser Arafat avait toujours refusé d’accomplir, a été salué par la presse et les milieux officiels, l’homme de la rue, qui ne tient pas le régime koweïtien dans son coeur, y a plutôt vu une humiliation et une atteinte à la fierté nationale. Le quotidien Al-Qods, le plus important journal des territoires palestiniens, affirme dans son édition de mardi que « ces excuses reflètent les positions officielles et populaires en Palestine, dont le peuple souffre de l’occupation israélienne, et refuse et condamne l’occupation de n’importe quel peuple, surtout s’il s’agit du peuple koweïtien frère ». « Nous espérons que cette réconciliation va permettre de tourner la page du passé et inaugurer un nouveau chapitre de relations fraternelles sincères », ajoute le journal. L’analyste politique Zakaria Al-Qaq relève pour sa part que les excuses présentées dimanche par M. Abbas, premier responsable palestinien de ce rang à se rendre au Koweït depuis l’invasion de 1990, « ont suscité une controverse dans la rue palestinienne ».
« Certains les considèrent comme un geste pragmatique destiné à ouvrir une nouvelle page avec le Koweït avec l’espoir de le voir reprendre son soutien financier aux Palestiniens et leur rouvrir son marché du travail », explique-t-il. D’autres Palestiniens trouvent selon lui les excuses de M. Abbas d’autant plus difficiles à accepter qu’ils ne pardonnent pas au Koweït « son rôle et le concours qu’il a offert aux Américains pour envahir et occuper l’Irak », dont le président déchu, Saddam Hussein, s’était posé en héros de la cause palestinienne. Qualifiant le geste de M. Abbas de « courageux », le député indépendant, Azmi Al-Chouïbi, estime toutefois que celui-ci a cherché à agir dans l’intérêt des Palestiniens. Ses excuses « traduisent une détermination à changer les choses sans tenir compte des sentiments », dit-il à l’AFP. Le Palestinien de la rue ne l’entend pas ainsi. Issa Fawzi, 33 ans, employé d’une société privée à Ramallah, estime que les excuses de M. Abbas « font apparaître la nouvelle direction palestinienne comme étant trop faible et susceptible de céder à la moindre pression ». « Le Koweït avait, de toute façon, annoncé à la veille de l’arrivée d’Abou Mazen (M. Abbas) qu’il ne voulait pas d’excuses, alors pourquoi l’a-t-il fait? », s’interroge-t-il.
Samir Ayed, un fonctionnaire de l’Autorité palestinienne de 40 ans, estime que « ce sont les Koweïtiens qui doivent présenter des excuses aux Palestiniens et non pas l’inverse ». « Le Koweït a expulsé 400.000 Palestiniens (après sa libération) et 250 autres ont été exécutés par la famille (régnante) des Sabah », affirme-t-il. Mohammad Saleh Al-Adwan, un fonctionnaire du ministère du Travail, fait partie des Palestiniens qui ont été contraints de quitter le riche émirat. « Ces excuses interviennent trop tard et elles auraient dû être présentées au Koweït il y a bien longtemps », dit M. Adwan, dont le fils, Issam, est détenu au Koweït depuis 14 ans « à la suite d’une altercation avec un officier koweïtien ». « Les excuses d’Abou Mazen peuvent résoudre beaucoup de problèmes », estime-il. A Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, Jabar Abou Al-Saïd, un chauffeur de taxi de 31 ans, n’a pas digéré le geste de M. Abbas, candidat favori pour succéder à Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne lors des élections prévues le 9 janvier.
« S’excuser au Koweït revient à brader la dignité palestinienne pour une poignée d’argent. C’est le début de concessions d’Abou Mazen et je pense que notre peuple exprimera son mécontentement par les urnes », affirme-t-il.

• Hossam Ezzedine (AFP)

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