24 heures

Palestine : Après l’agression, les mines

«Mon père va-t-il venir? je veux mes frères, voir Abed et Nidal», gémit-il, à demi-assommé par les sédatifs. Abed, 10 ans, a été tué sur le coup par l’explosion et Nidal, 12 ans, atteint d’éclats à la poitrine et à l’abdomen, brûlé au visage et rendu aveugle, a agonisé pendant 48 heures avant de s’éteindre vendredi dans l’unité de soins intensifs de l’Hôpital Al-Hussein.
Ce drame fait craindre que d’autres enfants ne subissent le même sort et soient victimes d’obus, de mines et autres engins explosifs disséminés un peu partout en Cisjordanie au cours de la vaste offensive menée par l’armée israélienne, et qui a duré un mois. Plus au nord, dans le camp de réfugiés de Jénine, théâtre des plus violents combats, les bombes artisanales palestiniennes et les obus et roquettes non explosés de l’armée israélienne, enfouis dans les ruines, ont déjà tué un enfant et blessé plus de 20 personnes.
Les équipes de secours ont tenté d’organiser des campagnes de sensibilisation, mais la population croit dur comme fer que l’armée israélienne a délibérément enterré des engins piégés avant son retrait après neuf jours de combats. La famille de Nour et leurs voisins affirment avoir vu, 30 minutes avant le drame, un char et une jeep stationnés à l’endroit où l’engin a explosé, déchiquetant les trois frères. «Le couvre-feu n’est levé que tous les trois jours, et les combattants palestiniens ne peuvent pas se rendre sur cette route», affirme Iyad Sanat, accouru avec son frère Imjahed pour secourir les trois garçons. «C’est la principale route pour aller au marché. Pourquoi un Palestinien aurait-il posé une bombe alors qu’il sait pertinemment qu’elle est empruntée quotidiennement par des familles palestiniennes», se demande Imjahed.
Les deux hommes affirment que l’engin était enfoui au milieu de carcasses de voitures, sur le bas-côté de la route. Hanane Ismaïl, la mère des trois victimes, jure qu’elle ne laissera plus les quatre enfants qui lui restent jouer dans la rue. elle fond en larmes et tonne contre la «police palestinienne incapable de nettoyer les rues après le départ des Israéliens». «Il n’y a plus de police, Hanane, l’Autorité palestinienne n’existe plus», lui répondent les voisins et amis venus la réconforter. Abed, qui est mort mercredi, a été enterré à la hâte, avant l’entrée en vigueur du couvre-feu à 18h GMT, raconte le père. Nidal a été enterré vendredi. Le corps a été transporté de la morgue directement au cimetière afin que la mère ne voit pas le visage brûlé et mutilé de son enfant. Cette dernière n’est pas encore allée à l’hôpital pour rendre visite à son fils survivant. Son mari lui a dit que si elle sortait, les soldats israéliens l’arrêteraient. «Je ne veux pas qu’elle aille à l’hôpital, elle ne le supporterait pas», affirme son époux.
Entre-temps, Nour, dans son lit d’hôpital, n’arrête pas de demander des nouvelles de ses frères. «De temps en temps, il divague. Il dit que son père ne lui pardonnera pas si ses frères meurent, car il est l’aîné et est censé les protéger», affirme Wafa, son aide-soignante.

• Sophie Claudet (AFP)

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