24 heures

Tirs croisés contre Bouzoubaâ

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La grogne monte davantage chez les partis de la majorité gouvernementale dont des élus, députés et conseillers, avaient été condamnés par la justice en relation avec les fraudes électorales du scrutin partiel du 8 septembre. Dans une déclaration rendue publique hier, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, Ismaïl Alaoui, indique que son parti, tout en étant engagé «en faveur d’une éthique électorale», se pose «des questions sur les motifs véritables pour lesquels le PPS a été érigé en cible privilégiée en cette année électorale». Cette déclaration fait suite à une réunion de la hiérarchie de l’ex-parti communiste avec ses élus. Pour Ismaïl Alaoui, qui évoque «ce qui ressemble à une manœuvre visant à limiter l’audience populaire et l’implantation électorale» de son parti, «une authentique et rigoureuse indépendance de la justice est incompatible avec le caractère sélectif des poursuites». Mais aussi avec «l’usage de procédés qui portent atteinte à l’Etat de droit et aux institutions représentatives». Le PPS fustige, pour conclure, des «débats judiciaires souvent éloignés des principes élémentaires du procès équitable».
Le PPS n’est pas le seul à tirer à boulets rouges sur le «caractère sélectif» des poursuites engagées après le 8 septembre 2006. Le Mouvement populaire (MP) avait été parmi les premiers partis à ouvrir les hostilités contre le département de Mohamed Bouzoubaâ. Dans un entretien à ALM (édition du 23 novembre 2006), Mohamed Fadili, secrétaire général adjoint du MP et premier vice-président de la Chambre des conseillers, avait qualifié ces poursuites et procès de «nouvelle forme de terrorisme» et les élus poursuivis de «boucs émissaires».
La colère de l’Istiqlal a été exprimée de manière encore plus virulente. Mardi 28 novembre, le lendemain de l’acquittement de l’USFP Mohamed Ben Messaoud par le tribunal de première instance de Marrakech, les députés et conseillers du parti de Abbas El Fassi avaient menacé de boycotter les séances plénières du Parlement avant de revenir sur leur décision après l’intervention des  membres du comité exécutif. Auparavant, l’Istiqlal avait réagi officiellement en fustigeant, lui aussi, le «caractère sélectif des poursuites». Mohamed El Ansari, conseiller et membre du comité exécutif de l’Istiqlal, déclarera à ALM (édition du 29 novembre 2006) qu’une enquête plus élargie «aurait dégagé tous les cas de corruption». «N’était-il pas plus pertinent d’ouvrir une enquête dans les 90 circonscriptions, soit à propos de 450 candidats (…)?», insistait M. El Ansari, d’ailleurs président de la commission de la justice à la deuxième Chambre.
Dans un éditorial de "Al Alam" du 4 décembre 2006, intitulé "voilà les raisons de la colère", l’Istiqlal va encore plus loin dans ses critiques des condamnations par la justice de certains de ses membres en accusant le système judiciaire marocain de partialité et en estimant que les verdicts auraient été dictés aux juges par ceux qu’il qualifie d’«amateurs de la politique» qui se trouvent au «postes de décision».
L’éditorial d’Al Alam, qui a toujours reflété la position du secrétariat général du parti, considère comme «une étrange coïncidence» le fait que «le Parquet n’a initié les procédures judiciaires qu’après avoir reçu des consignes de Rabat. Qui a donné ces consignes?».
Abbas El Fassi, qui avait fustigé le même «caractère sélectif» lors de sa dernière conférence de presse, était injoignable, hier mercredi, de même que Mohamed Bouzoubaâ, ministre de la Justice et objet de tous les tirs croisés, qui se trouve en déplacement en France.
Des sources de la majorité indiquent que la pression exercée actuellement par les partis concernés vise à ce que les verdicts énoncés jusque-là (entre 4 et 18 mois de prison ferme, plus amendes et inéligibilité pour dix ans), soient révisés lors de la procédure d’appel que les concernés s’étaient empressés d’initier.
Une démarche contradictoire, en fait, puisque, d’un côté, on fustige ce que l’on considère comme une «justice aux ordres» et de l’autre, on fait de la pression pour obtenir, justement, une ingérence des autorités exécutives dans l’action judiciaire. 

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