«Un ultimatum n’a jamais réglé aucun problème», a estimé à Nouakchott un député soutenant la junte au pouvoir en Mauritanie depuis le coup d’Etat du 6 août, juste avant l’expiration lundi à minuit d’un ultimatum de l’Union africaine (UA).
«Nous n’avons pas de considérations particulières pour ces ultimatums (de l’UA)», a déclaré à l’AFP un porte-parole de parlementaires favorables à la junte. «Ce style qui ne fait peur à personne mais qui, émanant de l’UA nous surprend à plus d’un titre, n’a jamais réglé aucun problème», a ajouté Sidi Mohamed Ould Maham.
«Le gouvernement mauritanien doit faire fi de toutes ces menaces de sanctions et s’adonner à une diplomatie active pour s’expliquer et défendre sa juste cause», a-t-il dit, alors que la junte bénéficie du soutien d’une majorité de députés.
L’UA avait exigé le 22 septembre le rétablissement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi dans ses fonctions le 6 octobre «au plus tard», évoquant «les risques de sanctions et d’isolement» pour les putschistes s’ils ne satisfaisaient pas à cette «exigence».
Mais le chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a catégoriquement écarté cette hypothèse «irréaliste et illogique».
Le chef de l’Etat renversé était le premier président démocratiquement élu depuis l’indépendance du pays en 1960.
«C’est un ultimatum qui est singulièrement surprenant parce que irréaliste et illogique en ce sens qu’il tranche avec la manière avec laquelle des crises graves, au Kenya et au Zimbabwe et partout ailleurs, ont été gérées par l’organisation continentale», a estimé lundi le porte-parole.
«Il n’y a pas de guerre civile en Mauritanie, on n’y coupe pas les mains à coup de haches, on n’y brûle pas des hommes vifs, Dieu merci», a-t-il lancé.
Selon lui, la junte mise sur les consultations prévues à la mi-octobre à Bruxelles avec l’Union européenne, qui agit «dans le cadre d’un véritable partenariat rassurant».
Lundi matin, aucune réaction officielle du pouvoir militaire n’a été communiquée sur cet ultimatum. Les médias officiels ont fait l’impasse sur le sujet, comme sur les manifestations anti-putsch réprimées dimanche par la police anti-émeute en divers points de Nouakchott.