24 heures

Un Gambien coincé au Maroc

Il s’appelle Jonathan Modibo, il est Gambien, il a 29 ans et depuis un an et demi, il survit en mendiant dans les rues de Rabat. Son histoire n’a rien d’exceptionnel au regard de ces milliers d’Africains subsahariens échoués au Maroc dans l’attente d’un illusoire passage vers l’Europe. Sauf que Jonathan, lui, en a assez de cette vie. Et qu’il veut rentrer chez lui.
Son parcours scolaire s’est interrompu au sortir du secondaire : pas de quoi se payer des études à l’université. Alors il se lance dans le commerce, ce qui lui permet de survivre comme tant d’autres, ces milliers de jeunes Africains contraints à la débrouille et au système «D». Et comme tant d’autres, il rêve d’une vie meilleure, ailleurs que dans son pays. Autant dire en Europe bien sûr, cet Eldorado de prospérité et de dignité.
Jusqu’au jour où on lui propose le moyen d’y accéder. Contre une consistante somme d’argent, il obtient un visa pour le Maroc dont on lui dit qu’il constitue la porte d’entrée sur l’Europe. Les vendeurs d’illusions lui font miroiter notre pays comme une étape rapide, pour ainsi dire une formalité…
Le voici donc débarquant à Rabat où très vite, il est rattrapé par la réalité : un passage vers l’Europe coûte encore plus cher qu’un visa pour le Maroc, au moins 15 000 Dh. Pour Jonathan, c’est l’enfer au quotidien qui se révèle soudain. Cela commence par cette chambre sordide au quartier G5 de Rabat, qu’il partage avec trois autres Subsahariens : un Nigérien, un Malien et un Libérien. Quel confort peut-on attendre d’une chambre à 700 Dh par mois ?
Mais l’enfer, c’est surtout le recours obligatoire à la mendicité, le regard de plus en plus indifférent des passants saturés de mendiants du même type que lui. Sans compter l’attitude qu’il est bien forcé d’adopter pour espérer attendrir, émouvoir, faire pitié. Dur, dur, de faire la manche quand on refuse de s’y résigner.
Alors depuis quelques mois, sa décision est prise. Et pour rentrer au pays, deux solutions s’offrent théoriquement à lui. La première, s’en remettre aux soins de son ambassade. Mais ses démarches dans ce sens se sont heurtées jusque-là à une fin de non-recevoir. Tout ce qu’il a pu obtenir de sa représentation diplomatique est une carte consulaire qui lui confère un semblant de dignité : il n’est pas de ceux qui vont jusqu’à refouler leur identité nationale, de peur d’être facilement expulsables.
La deuxième solution le renvoie à la manière dont il est arrivé au Maroc. Il a payé pour y arriver, il devra payer pour en sortir. Pour
4000 Dh, on lui promet un voyage de retour via l’Algérie et le Sénégal. Mais comment rassembler 4000 Dh quand le produit quotidien de la mendicité permet à peine de se nourrir et de payer le loyer ?
«Je ne suis pas le seul Gambien à m’être retrouvé ainsi piégé au Maroc, soupire Jonathan, victime de ces vendeurs de rêve qui nous promettent le Paradis. Nous en avons assez, nous souhaitons rentrer au pays ! Mais qui pourrait nous y aider ?»

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