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USA-Canada : le temps de la controverse

Frappés à leur tour par l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et les embargos de leurs principaux partenaires commerciaux, les Etats-Unis n’ont eu besoin que de quatre jours d’enquête pour assurer samedi que leur vache malade venait « probablement » de l’Alberta, dans l’Ouest canadien. Le seul et unique cas de vache folle au Canada a beau avoir été découvert en mai dernier dans cette riche province agricole, les autorités sanitaires canadiennes ont invité leurs voisins américains à ne pas tirer de conclusions trop rapidement. « Pour l’instant, il n’y a pas de preuves confirmant que la vache est originaire du Canada », a insisté Brian Evans, vétérinaire en chef de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Le Canada, qui dans son propre cas avait mis trois mois pour trouver le lieu d’origine de sa vache malade, insiste pour que les soupçons américains soient confirmés par des analyses d’ADN et que les résultats de cette enquête soient validés par une équipe d’experts internationaux. Les Canadiens commencent à être habitués à voir les Américains regarder au Nord pour trouver un responsable à leurs maux. En août, alors qu’une partie du nord-est du continent était privée d’électricité, le maire de New York Michael Bloomberg et le gouverneur de l’Etat du même nom George Pataki n’ont pas hésité à affirmer publiquement que la panne géante trouvait sa source au Canada. Les deux pays voisins se sont rejeté la faute pendant deux jours, avant qu’une équipe d’enquêteurs américains et canadiens établisse que la panne avait débuté dans une centrale de l’Ohio (nord-est des Etats-Unis). Ottawa ne sait aussi plus quoi faire pour combattre le préjugé largement répandu dans l’opinion publique américaine selon lequel plusieurs terroristes du 11 septembre étaient entrés aux Etats-Unis via le Canada. Cette information erronée, publiée au lendemain des attentats dans plusieurs grands quotidiens américains, a contribué à alimenter à Washington la vision du Canada comme « un Club Med pour terroristes », au grand dam du gouvernement canadien. Exaspéré d’entendre le sénateur de New York, Hillary Clinton, jeter la pierre au Canada, John Manley, le vice-Premier ministre d’alors, a profité d’une rencontre en décembre 2001 avec l’épouse de l’ancien président américain Bill Clinton pour lui demander « d’où elle tenait ses renseignements », puisque ni lui-même ni les renseignements canadiens n’étaient au courant. Il y a un an, le FBI (Sûreté américaine) se lançait à la recherche de cinq présumés terroristes originaires du Proche-Orient, expliquant avec force de détails comment ils étaient entrés aux Etats-Unis par le Canada – avant d’admettre que ces mystérieux individus n’existaient tout simplement pas. Hillary Clinton ayant à nouveau déploré le laxisme à la frontière, Ottawa a exigé des excuses. Le Canada, où le coût de la vie est moins cher qu’aux Etats-Unis, se voit accuser également d’alimenter une concurrence déloyale, aussi bien par les grands groupes pharmaceutiques que par les syndicats d’Hollywood. Les premiers font pression actuellement sur Washington pour interdire l’importation de médicaments à prix réduits du Canada, comme le réclament certains Etats. Et le nouveau gouverneur de la Californie et ancien acteur hollywoodien Arnold Schwarzenegger a promis aux seconds d’empêcher la migration des tournages vers les studios canadiens. Le dessin animé « South Park » en a fait d’ailleurs une chanson: si mes enfants sont grossiers, « c’est la faute du Canada », dit le refrain.

Stéphanie Pertuiset (AFP)

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