Actualité

Algérie : un accord controversé

Le chef du gouvernement algérien Ahmed Ouyahia et une délégation des âarchs ont signé jeudi un accord révoquant les « indus-élus », qualifiés ainsi par les âarchs qui avaient appelé au boycottage des élections législatives et locales en mai et octobre 2002. Vendredi soir, des manifestants, hostiles à cet accord ont saccagé une sous-préfecture à Tazmalt, près de Béjaïa, en Petite Kabylie (260 km à l’est d’Alger), un fief du Front des Forces socialistes (FFS, opposition) du leader historique Hocine Aït Ahmed. Le FFS avait dès vendredi violemment dénoncé l’accord, estimant qu’il constituait un « arrangement ». Ce parti, bien implanté en Kabylie (est d’Alger), avait remporté aux élections locales la majorité des mairies et des départements dans ce scrutin validé par le Conseil constitutionnel. Cet accord a permis d’engager des négociations sur le fond entre le gouvernement et les âarchs pour un règlement de la crise en Kabylie qui perdure depuis les émeutes sanglantes du printemps 2001 qui avaient fait une centaine de morts. Depuis vendredi le gouvernement et les âarchs ont commencé à discuter de la mise en oeuvre de la plate-forme d’El Kseur, une bourgade de Kabylie, où avait été adopté, le 11 juin 2001, un document comprenant les 15 principales revendications des âarchs. Ces négociations risquent de se heurter à l’opposition d’une aile de ce mouvement qui les désapprouvent. La presse et des observateurs se demandaient dimanche comment M. Ouyahia pourrait appliquer l’accord, dès lors que les lois algériennes ne prévoient pas ce cas de figure, selon des juristes. Le premier secrétaire du FFS Djoudi Mammeri a estimé que M. Ouyahia n’hésiterait pas « à aller à l’endroit des lois de la République » pour appliquer l’accord. « Connaissant le parcours de cet homme (..) il peut oser franchir cette limite constitutionnelle », a-t-il affirmé au quotidien Liberté. Le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), qui avait remporté la majorité des sièges en Kabylie aux législatives de mai 2002, auxquelles le FFS n’avait pas participé, considère lui aussi que M. Ouyahia « a violé la Constitution ». Une dizaine de candidats déclarés ou potentiels à l’élection présidentielle d’avril prochain, regroupés dans « un front contre la fraude », ont aussi estimé que la révocation des élus, constituait « la fin du Conseil constitutionnel ». La presse privée souligne également que cette décision apparaît en contradiction avec la loi. Le Matin, dans un commentaire, intitulé « la loi bafouée », observe que les élections en Kabylie ont été validées par le Conseil constitutionnel « dont le rôle est de veiller au respect des lois ». Le gouvernement qui « a tergiversé durant trois longues années » « accède aujourd’hui aux revendications des âarchs » qu’il avait refusées et jugées anticonstitutionnelles, souligne de son côté L’Expression. Ce « soudain revirement » risque de créér plus de « complications que n’en a engendré le problème kabyle ces dernières années », met en garde ce journal. « Terrible paradoxe: c’est à l’heure d’un dialogue qu’on qualifie de fructueux que la rue bouge en Kabylie », note Liberté.

• Abdellah Cheballah (AFP)

Articles similaires

ActualitéUne

Forêts du Maroc : l’ANEF et l’AFD renforcent leur partenariat

L’Agence nationale des eaux et forêts du Maroc (ANEF) et l’Agence française...

ActualitéUne

Un nouvel abattoir voit le jour pour Rabat Salé Skhirat Témara d’une capacité de 30.000 tonnes par an

Le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, et...

ActualitéUne

Maroc: le FMI projette une croissance de 3,1% en 2024 et 3,3% en 2025

Le Maroc devrait connaître une croissance de 3,1% cette année et 3,3%...

ActualitéUne

Parlement: report à une date ultérieure de la plénière sur le bilan d’étape de l’action gouvernementale

Les deux Chambres du Parlement ont annoncé, dans un communiqué conjoint, le...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux