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Bernard Kouchner, l’homme du départ permanent

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Ironie de l’histoire, malice du calendrier, l’architecture Sarkozy a craqué par là où elle paraissait la plus forte. Alors que tout le monde s’attendait à ce que les ministres d’ouverture, dont Bernard Kouchner est le porte emblème, puissent faire subir au président de la République quelques migraines, les uns par caprice de «prise de guerre», les autres par tempérament de ministre gâté, voilà que les piliers de la majorité comme Alain Joyandet et Christian Blanc ont précipitamment quitté le navire, laissant Nicolas Sarkozy dans un état de totale «panique» comme le pointe la couverture de la dernière livraison de «L’Express». Est-ce à dire que Bernard Kouchner n’a jamais été tenté par un coup d’abandon qui scénariserait avec autant d’éclat sa rupture comme il avait marqué de fer rouge son ralliement ? Même si durant l’exercice de ses fonctions de locataire du Quai d’Orsay, Bernard Kouchner avait fait preuve d’une rare capacité à avaler les couleuvres en se laissant voler la vedette et dicter la conduite pour le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, il donnait cette vague impression d’être un des rares ministres à se balader toujours la lettre de démission dans la poche. Préjugé sans doute nourri par le caractère sanguin de l’homme et sa légendaire propension à l’indignation qui avait bâti son mythe et fait sa fortune. Alors que la gouvernance Sarkozy semble coaguler son malaise autour de l’affaire Woerth-Bettencourt qui dénude le rapport coupable de l’actuelle majorité avec le monde de l’argent, Bernard Kouchner a réussi lui aussi à devenir «une affaire» dont il va bien falloir trouver l’épilogue. Deux grandes attaques d’une violence inouïe l’ont visé au moment même où Eric Woerth se débattait dans les filets du scandale Bettencourt. La première fut portée par l’ancien ambassadeur au Sénégal, déchu de son poste, Jean-Christophe Ruffin, qui livre au journal «Le Figaro» la démonstration parfaite de ce que beaucoup soupçonnaient déjà, à savoir que le ministère des Affaires étrangères était devenu une coquille vide sans aucune influence, les grands dossiers de la diplomatie française étant gérés directement pour le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Et souvent, comble du mépris sans que l’appareil diplomatique de la France soit au courant. La seconde attaque fut portée par deux anciens ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé (droite) et Hubert Védrine (gauche), qui ont signé dans le journal «Le Monde» une tribune sous forme de SOS pour sauver le ministère des Affaires étrangères de la déliquescence qu’il avait atteinte sous la direction de Bernard Kouchner. Et comme si deux malheurs ne suffisaient pas, Bernard Kouchner dut subir les effets d’un dangereux dommage collatéral de la démission d’Alain Joyandet, ministre de la Coopération, dont une des missions principales était de superviser la société de l’audiovisuel extérieur français (AEF) que dirige l’épouse du ministre des Affaires étrangères Christine Ockrent. Pressentant les effets désastreux d’une seconde affaire de conflit d’intérêt entre le ministre et son épouse, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, s’est empressé d’en nier l’existence. La presse s’est faite un malin plaisir de rappeler les déclarations en la matière de Bernard Kouchner : «Si on pouvait déceler un conflit d’intérêt entre le ministre des Affaires étrangères que je suis pour le moment et Christine Ockrent, c’est moi qui démissionnerai».

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