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CCG : Un Sommet sur fond de crise

Le prince Abdallah ben Abdel Aziz, qui dirige de facto le royaume saoudien, n’a pas fait le déplacement à Manama, où il a délégué son ministre de la Défense, le prince Sultan ben Abdel Aziz, pour occuper le siège de son pays au sommet. Il entend exprimer sa mauvaise humeur en raison d’un accord de libre-échange que Bahreïn, son petit voisin, a conclu en septembre avec les Etats-Unis, une initiative suivie par d’autres membres du CCG, qui discutent des accords similaires avec Washington.
Le CCG regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar. La délégation saoudienne au sommet a averti qu’elle ne discuterait pas de questions économiques si le différend sur les accords de libre-échange avec les Etats-Unis n’était pas réglé, selon une source proche du sommet. « La délégation saoudienne a demandé le retrait de l’ordre du jour de toutes les questions relatives à la coopération économique (régionale) à moins que l’accord de libre-échange bahreïni soit discuté et une solution trouvée », a déclaré la même source qui a requis l’anonymat. Selon cette source, l’Arabie saoudite a prévenu ses partenaires qu’il n’y aurait plus d’intérêt à avoir une union douanière, lancée en 2003, si l’un des membres du groupe régional accorde des exonérations douanières à des pays tiers sur une base bilatérale. De telles menaces, si elle se confirment, risquent de remettre en cause le processus d’intégration économique, à peine mis en route en 2003 avec une union douanière, plus de deux décennies après la création du CCG en 1981.
Les six monarchies du Golfe, riches en hydrocarbures et avec un PIB cumulé estimé à 421,5 milliards de dollars pour 2004, ont prévu d’établir une union monétaire en 2005, suivie d’un marché commun en 2007 et d’une monnaie unique en 2010. Mais l’Arabie saoudite, le seul pays du CCG à n’avoir pas encore été admis à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), accuse ses partenaires du Golfe d’affaiblir la solidarité régionale dans toute négociation multilatérale, par la conclusion d’accords économiques ou de sécurité séparés avec des pays tiers.
Le différend sur l’accord américano-bahreïni « n’a pas été inscrit, jusqu’ici, à l’ordre du jour du sommet », a indiqué à l’AFP le secrétaire général du CCG, Abderrahmane al-Attiyah. Le secrétaire d’Etat bahreïni aux Affaires étrangères, Mohammad Abdel Ghaffar, a affirmé que ce différend « fait l’objet de consultations et de dialogue », niant toute tentative de suspendre ou de geler le processus d’intégration économique du CCG. « Il n’y a ni gel, ni rien de tel », a-t-il dit laconiquement lors d’une rencontre avec la presse après l’ouverture du sommet, ajoutant que « la volonté politique (des pays membres) s’oriente vers l’intégration économique ».
A l’ouverture du sommet, le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, a souligné les aspirations des peuples de la région à avoir « davantage de cohésion et de complémentarité » dans les domaines « économique et de la sécurité », mais sans entrer dans les détails. Dans une brève allocution, le roi Hamad, président du sommet, a adressé au reste du monde « un message d’ouverture, de paix et d’un partenariat constructif », affirmant que les monarchies du CCG « avancent dans un processus de modernisation progressif et émanant de leur propre volonté en vue d’introduire davantage de réformes ». Sur les six membres du CCG, quatre pays (Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman et Qatar) sont représentés par leurs chefs d’Etat au sommet de Manama. La délégation du Koweït est dirigée par le Premier ministre, cheikh Sabah al-Ahmad.

• Taïeb Mahjoub et Souleimane Nimer AFP

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