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Egypte : Une brèche dans un système monolithique

L’opposition, qui avait favorablement accueilli la réforme dans son principe, a exprimé sa profonde déception pour le résultat final, en accusant les "tailleurs de lois" du Parti national démocratique (PND, au pouvoir) de l’avoir "vidée de son contenu". L’amendement a été voté à la majorité écrasante de 405 députés sur 454, la majorité requise étant des deux tiers des députés. Le vote a été nominatif. 34 députés ont voté contre et les autres étaient absents ou n’ont pas participé au vote.
Des députés de l’opposition ont quitté l’Hémicycle avant l’annonce du résultat officiel du vote, en signe de protestation. Le Mouvement pour le changement «Kefaya» (Assez), qui n’est pas représenté à l’Assemblée, a appelé pour sa part à la "désobéissance politique" par le boycottage du référendum, prévu pour fin mai afin d’entériner l’amendement, et au boycottage de l’élection présidentielle. L’opposition, dont les Frères musulmans, a rejeté les conditions imposées aux candidats indépendants, qui doivent justifier de la caution de 250 élus nationaux et locaux, un nombre qui a été réduit de 300 à 250 à la suite du débat. Elle a critiqué la Composition de la commission électorale qui sera chargée de superviser le scrutin présidentiel.
Cette commission, placée sous l’autorité du président de la Cour constitutionnelle, sera composée de quatre magistrats et de cinq "personnalités indépendantes". "La commission électorale n’est pas neutre, elle est dominée par le PND", écrit mercredi le quotidien Al-Wafd, qui estime par ailleurs que l’amendement "consacre le régime plébiscitaire", en vigueur jusqu’à présent pour la désignation du président de la République. La réforme a été favorablement accueillie dans son principe par Washington, l’Egypte étant l’un de ses principaux alliés dans la région. Mais le porte-parole du département d’Etat Tom Casey, s’est refusé à tout commentaire, affirmant que l’Administration américaine n’avait pas encore eu le temps d’étudier l’amendement voté. Les Etats-Unis avaient fait l’objet d’attaques soutenues de la part de plusieurs députés, dont certains du PND, pendant le débat de plus de quatre heures qui s’est déroulé mardi et a été retransmis en direct à la télévision publique.
Ces députés ont demandé à Washington "d’éviter d’intervenir dans les affaires intérieures égyptiennes", après des déclarations du président George W. Bush, demandant au Caire d’ouvrir le processus électoral présidentiel aux associations, sous contrôle international. Lors d’une conférence de presse tenue à l’issue du débat parlementaire, le président de l’Assemblée, Fathi Sorour, a rejeté la demande américaine, soulignant "l’impartialité et la grande compétence" des magistrats égyptiens.
Les magistrats, qui demandent une réforme de leur statut pour lever la tutelle du ministre de la Justice sur les nominations des présidents de Cours, doivent se décider vendredi s’ils acceptent ou non de superviser le prochain scrutin présidentiel prévu pour septembre prochain. Selon Hossam Badraoui, membre de la direction du PND, l’amendement de la Constitution est un "premier pas" sur la voie de réformes politiques plus larges des institutions égyptiennes qui restent marquées par le régime mis en place par les "Officiers libres" du colonel Gamal Abdel Nasser après le renversement de la monarchie en 1954. L’opposition demande par ailleurs la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis l’assassinat du président Anouar Al-Sadate par des islamistes en 1981 et la réduction à deux du nombre des mandats présidentiels, d’une durée de quatre ans chacun, au lieu de six ans actuellement.

Hassen zenati (AFP)

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