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Falloujah, la résistante

« La résistance n’est pas seulement à Falloujah. Nous sommes ici pour enliser les Américains, mais la majorité de la résistance se trouve désormais hors de la ville », a affirmé, le 13 novembre, l’un de ses chefs, « Abou Mohamad », à un correspondant de l’AFP, qui a pu en sortir vendredi. Ce membre du Conseil des Moujahidine, organe qui contrôlait la ville jusqu’à l’assaut américain, l’a assuré que seuls « les commandos suicide sont restés en ville ». « La bataille prendra du temps car même si les Américains occupent la ville, la guerre des rues continuera et nous allons progressivement faire revenir les combattants que nous avons fait sortir », a ajouté cet homme d’une trentaine d’années portant une barbe noire, ayant toujours à la main un téléphone satellitaire, mais ne portant pas d’armes. Le journaliste de l’AFP l’a rencontré, le 10 novembre, dans la mosquée Furqhan, dans le nord de la ville, et ce dernier l’a pris en charge après avoir appris sa profession. « La résistance est aussi à l’extérieur. Il y a une coordination. Il y a une organisation unifiée », a-t-il assuré. Si le 11 novembre, trois jours après le début de l’assaut, des dizaines d’insurgés patrouillaient encore les rues du quartier de Sabaa Nissan (nord), ils se sont faits plus rares au fil des jours. Mais ils continuaient à se coordonner par émissaires. Dans la soirée du 12 novembre, Abou Mohammad vient chercher le journaliste en voiture.
Puis ils gagnent le coeur du quartier Jolan (nord-ouest). Là, ils pénètrent dans une maison, dont un mur a été percé, et après avoir traversé ainsi six habitations, où se trouvent des hommes armés, ils empruntent un tunnel et se retrouvent dans une pièce où sont assis quatre hommes. Ce sont des dirigeants des rebelles. La maison a été totalement détruite par un bombardement aérien et il est donc impossible d’y entrer autrement que par le tunnel. Les quatre hommes s’étonnent de l’absence de la presse internationale à Falloujah du côté des insurgés. Ils feignent d’oublier que quand ils étaient au pouvoir, ils avaient interdit sous peine de mort à tout journaliste étranger d’entrer dans la ville. Pendant qu’ils discutent, des combattants entrent dans la pièce avec des tracts qu’ils relisent et l’un d’eux lance: « Il faut en envoyer 6.000 à Bagdad ». Le texte annonce que les Moujahidine ont infligé des pertes énormes aux forces américaines et « résistent ». En pleine nuit, le correspondant quitte l’endroit avec Abou Mohamad pour une maison de Nazal (sud) où se trouvent trois insurgés avec lesquels il reste toute la journée du 13 novembre. Les trois hommes gardent en permanence un masque noir et attendent les ordres. Ils parlent peu. Un seul demande au journaliste de le prendre en photo à visage découvert pour envoyer le cliché à sa famille au cas où il mourrait. Dans l’après-midi, Abou Mohamad revient fatigué et ses vêtements tachés du sang des blessés qu’il a transportés. « Il y a eu une bataille à Chouhada (sud). Beaucoup des nôtres sont morts mais aussi chez les Américains ». Il reconnaît que les combats deviennent plus difficiles car les adversaires utilisent des bombes à implosion, « qui nous empêchent de respirer » et des bombes à fragmentation « qui nous empêchent de bouger ».
L’objectif, désormais, est de rejoindre Azragiyah, dans le nord-ouest. Mais cette zone est très difficile a atteindre car les tireurs d’élite américains sont partout. Or l’axe est stratégique pour les insurgés, car c’est par là qu’entrent les combattants et que sont évacués les blessés. Des hommes vont et viennent. Ils tracent avec Abou Mohammad, dans le sable du jardin, des plans de bataille. L’idée est de mener une opération de diversion dans le sud-ouest. Les combats débuteront le 16 novembre. Deux jours plus tard, le journaliste de l’AFP réussira à quitter Falloujah en empruntant une barque sur l’Euphrate.

• Ibrahim Mohamad (AFP)

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