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France : Alain Juppé en Tunisie, opération raccommodage

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Ironie de l’histoire, ce qui aurait pu être entre d’autres circonstances un classique voyage diplomatique d’un ministre des Affaires étrangères vers un pays proche se transforme pour Alain Juppé en un déplacement à hauts risques qui focalise toutes les attentions et toutes les craintes. Et signe supplémentaire de la difficulté de la tâche, à la veille de cette visite, aucun agenda, aucun programme n’était finalisé. Comme si l’appareil diplomatique français tâtonnait dans le noir et slalomait entre les résistances. Il est vrai que ce voyage avait été annoncé dans la ferveur de la célébration «du printemps arabe» organisé par le Quai d’Orsay à l’Institut du monde arabe à Paris et au cours duquel Alain Juppé avait démystifié le rapport à la mouvance islamiste, pourvu que celle-ci renonce à la violence et accepte les règles du jeu démocratique. La précipitation dans l’annonce n’explique pas elle seule le manque de visibilité du programme. C’est un lourd passif entre la France et la Tunisie qu’Alain Juppé devra solder lors de cette visite de deux jours en Tunisie. Il avait eu l’occasion de qualifier ce pays de vrai ancrage de l’aspiration diplomatique dans le monde arabe, un hommage grandiose destiné à cautériser la blessure béante qui caractérise les relations entre Paris et Tunis. Le fossé s’était brusquement creusé lorsque l’ancienne ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie avait proposé une coopération policière avec le régime de Ben Ali quelques heures seulement avant la chute et l’exil du président tunisien. L’attitude de MAM traduisait aussi une mauvaise prise de conscience de Nicolas Sarkozy des véritables enjeux de cette révolution tunisienne et son possible impact. À l’époque, Nicolas Sarkozy s’était dissimulé derrière le passif colonial pour justifier une telle passivité. Et c’est vrai que depuis cette date, le théâtre libyen lui avait permis de se refaire une santé démocratique. Mais le malentendu tunisien demeurait abrasif. Pas moins de six ministres se sont rendus en Tunisie pour tenter de recoudre cette relation brisée. En l’espace de quelques semaines, des ministres comme, Dominique Lagarde, Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Lellouche, Eric Besson et Frédéric Mitterrand, ont fait le périlleux déplacement à Tunis. Et Alain Juppé ne sera que le septième personnage de l’Etat à tenter sa chance dans cette opération de raccommodage. L’exercice avait déjà été rendu compliqué par la manière brutale avec laquelle l’ancien ambassadeur de France en Irak Boris Boillon avait atterri à Tunis et la crise ouverte qu’elle avait provoquée avec les journalistes tunisiens qui lui ont reproché son arrogance et avait orchestré une campagne pour exiger son départ. Ce travail de sape avait failli réussir et Boris Boillon avait failli être remplacé par Yves Marek, un enfant du pays fêté avec autant de passion que Boris Boillon avait été critiqué. L’opération n’aurait pas abouti et Alain Juppé aurait renouvelé sa confiance et maintenu Boris Boillon dans ses fonctions. Au menu de cette visite d’Alain Juppé les 20 et 21 avril deux grands sujets. L’un qui plaît et l’autre qui fâche. Le premier concerne les moyens que mettra la France à la disposition des Tunisiens pour les aider dans leur transition démocratique. Le second touchera la manière avec laquelle les autorités françaises gèrent le dossier des immigrés tunisiens en provenance d’Italie et qui commencent à susciter de grandes polémiques sur les deux rives de la Méditerranée.

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