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France : Marine Le Pen compare les prières de rue à l’occupation

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Dissimulez le naturel, même sous d’épaisses couches maquillages, il finira fatalement par s’étaler au grand jour. C’est l’antienne qui semble être entonnée, non sans une certaine frilosité et un brin d’excitation, par l’ensemble de la classe politique française à l’encontre de Marine Le Pen, la fille de son père. Objet du délit et du scandale : avoir comparé les scènes de prières de rue à l’occupation allemande. Une charge violente contre les musulmans de France, un recours douteux aux douloureux souvenirs de l’histoire. Cela a suffi pour que presque d’une seule voix, dans une sorte d’union sacrée improvisée, gauche et droite hérissent le dard de l’indignation et pointent cette démagogie populiste et xénophobe qui avait fait les heures de gloire de l’extrême droite et la fortune du Front National. Il y avait une jubilation presque visible de la part de Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste et Jean-François Copé, tout nouveau secrétaire général de l’UMP à tomber à bras raccourcis sur Marine Le Pen. L’explication est simple. Si cette comparaison avait été prononcée par Jean-Marie Le Pen, son énormité aurait été mise sur le compte des délires d’un vieux routier de l’extrême droite au crépuscule de sa carrière, abonné aux calembours douteux et aux jeux de mots nauséabonds. Mais le fait qu’elle soit prononcée par Marine Le Pen change fondamentalement la donne politique. C’est que Marine Le Pen avait fourni un immense effort pour se démarquer de l’héritage de son père, jugé trop clivant pour séduire son terrain de chasse favori, la droite traditionnelle travaillée par les démons du passé et les angoisses de l’avenir. Elle avait fait aussi un grand effort de langage, s’éloignant volontairement des verbes qui choquent et des formules qui claquent. Marine Le Pen était à la recherche d’une respectabilité que lui interdisait le radicalisme guerrier et pyromane de son père. Et le pire pour les adversaires de Marine Le Pen c’est que sa stratégie commençait à réussir. Les sondages font état d’une popularité fulgurante. Les médias s’intéressent de plus en plus à elle n’hésitant pas à évoquer des scénarios où on lui prédit de jouer les premiers rôles, y compris dans un scrutin cardinal comme la présidentielle. Le dernier numéro du «Journal du Dimanche», proche de Nicolas Sarkozy, titrait sa dernière livraison dominicale : «Pourquoi Marine Le Pen inquiète la droite». Avec une photo de Marine Le Pen qui annonce, conquérante : «Mon objectif est d’arriver au pouvoir» et une autre de Jean-François Copé qui constate, l’air grave : «Nous sommes en danger». Sans aucun doute, Marine Le Pen aurait pu continuer à jouer les séductrices camouflées, à draguer la droite dans le sens du poil qui rassure. Elle aurait pu continuer à maîtriser son verbe et sa communication. Elle montre dans ses interventions suffisamment d’intelligence et de savoir-faire pour ne pas être victime d’un lapsus ou d’une langue qui fourche. Et si elle a choisi de cibler les musulmans de France de cette violence, c’est voulu et réfléchi. Elle mène un combat décisif au sein du Front National pour s’imposer comme l’héritière légitime. Elle donne des gages de bonne filiation. En même temps, elle vient d’offrir à ses adversaires, UMP et PS, l’occasion de la diaboliser et poser un dalle de béton armé face à ses ambitions.

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