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Gaza : des rappeurs mettent le feu aux poudres

Des rappeurs se sont produits dans la bande de Gaza mercredi pour participer à la célébration de la "libération", un concert mal accueilli par une population peu réceptive à cette musique pourtant connue pour être engagée contre toutes les oppressions. La parade officielle pour la libération de la bande de Gaza s’est déroulée dans une ambiance bonne enfant mercredi après-midi dans l’ancienne colonie de Neve Dekalim jusqu’à l’arrivée assourdissante des basses des RP, les rappeurs palestiniens. Sur scène, trois jeunes hommes pimpants, du gel dans les cheveux et des pantalons "baggy", ont commencé à rapper, encourageant les jeunes spectateurs à lever les mains en l’air. L’ambiance a rapidement dégénéré lorsque quelques islamistes mécontents ont tiré en l’air avec leurs kalachnikov alors que le groupe avait réussi à entraîner le public sur ses rythmes avec son morceau al-Hurriya (liberté en arabe). Un des militants s’est mis à hurler un chant inspiré de ceux du Hamas sur la résistance appuyé par l’écho du public qui scandait des "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand en arabe). Les gens se sont ensuite précipités sur la scène et la tranquillité a laissé place au désordre.
La police a commencé à tirer en l’air et a poussé les rappeurs dans un taxi pour les protéger de jeunes partisans du Hamas qui commençaient à leur lancer des pierres et à les insulter. Furieuse de la fuite du groupe, la foule s’en est pris à la police, lui lançant des pierres et l’accusant d’avoir "échangé notre sang contre des dollars" alors que la bagarre s’est poursuivie pendant une demi-heure. Ces affrontements reflètent bien la situation de Gaza où un événement anodin peut sombrer dans un chaos où politiciens, religieux et groupes armés risquent de s’entre-tuer. De jeunes garçons ont accusé les rappeurs d’avoir méprisé l’Islam et la lutte nationale palestinienne en évoquant dans leurs chansons des épisodes de désespoir et de haine dans la vie des Gaziotes pendant les cinq années d’Intifada. "Ils chantaient sur de la musique disco. Cela va à l’encontre du livre sacré (le Coran)", s’insurge Mohamed, un adolescent de 17 ans.
À l’abri chez eux, près de Khan Younes, les membres du RP se sont assis pour fumer et oublier cet incident malheureux, s’inquiétant cependant du conservatisme aveugle de la région. "Au début, ils appréciaient notre style de musique. C’est nouveau ici. Pour la première fois il y avait des rappeurs à Khan Younes, mais les gens sont des arriérés ici", regrette Mohamed al-Fara, un des membres du groupe. "Nous n’avons plus de représentation prévue ici, mais si on nous demandait de rejouer, nous le ferions". Le groupe a regretté que le public n’ai pas fait attention à leurs paroles alors que Mohamed insistait sur les mots qui ont offusqué : "La paix est en train de mourir. La nouvelle génération se demande quel est le chemin, le chemin de la liberté". Mohamed explique que c’est le rappeur américain 2Pac qui a inspiré le groupe qui a commencé à s’intéresser au hip-hop à la fin des années 90. "J’adore 2Pac. Il a utilisé le rap pour dénoncer l’oppression des blancs sur les noirs", explique Mohamed. Ils ont un rap engagé consacrant par exemple une de leurs chansons à Ibrahim, tué par l’armée israélienne l’année dernière alors qu’il s’était engagé dans un groupe armé. Mohamed a lui-même été touché à une jambe lors de jets de pierres contre des soldats israéliens en 2001, mais aujourd’hui il déclare : "Tout le monde a sa propre voie, pour certains ce sont les armes, pour nous, c’est le rap".

Ned Parker (AFP)

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