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Le peintre Kacimi est mort

© D.R

Le peintre Mohamed Kacimi est mort lundi 27 octobre 2003 à l’hôpital militaire de Rabat. Il souffrait d’une hépatite C. Entré dans un coma hépatique, il y a dix jours, Mohamed Kacimi en est sorti pour sombrer de nouveau dans le coma à partir de jeudi dernier. Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait pris en charge les frais de son hospitalisation. Né en 1942 à Meknès, le peintre Mohamed Kacimi a acquis une importance considérable à partir des années 70. Il était connu non seulement au Maroc, mais en Europe et dans les pays arabes. C’est l’un des rares peintres marocains dont les oeuvres étaient vendues par une galerie parisienne : Florence Touber. « La Revue noire » lui a consacré un numéro spécial. « Le Monde diplomatique » faisait régulièrement paraître des reproductions de ses peintures à la première page. Féru de poésie, l’homme avait également publié des livres. Il avait aussi un sens aigu de l’engagement pour les droits de l’Homme et les causes justes. En dépit de la maladie, et d’une fatigue très visible, Mohamed Kacimi n’a jamais cessé son combat pour un monde meilleur. Il avait pris part, en décembre 2002, à une exposition organisée par l’Organisation Marocaine des Droits Humains. À l’occasion de cette manifestation, il avait précisé dans un entretien avec ALM : « J’estime pour ma part qu’un artiste n’a pas le droit de se laver les mains devant les choses qu’il réprouve dans sa société». Un mois avant sa mort, il avait adressé à notre journal une lettre ouverte à Sidiki Kaba, président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, pour lui demander la levée du siège sur le président Arafat et la libération du journaliste Taissir Allouni. Son engagement pour un monde meilleur n’était pas distinct de son travail. Kacimi était un pro-palestinien convaincu, et nombre de ses oeuvres dénoncent les exactions des Israéliens dans les territoires occupés. L’homme préoccupait Mohamed Kacimi. Il n’a peint pratiquement que des hommes. Hommes sans visages, hommes dont rien n’atteste l’appartenance à notre époque. Ils ne portent pas de vêtements et Kacimi ne les a pas particularisés avec un accessoire (un bracelet-montre ou un vêtement par exemple) pour qu’on les authentifie comme étant nos contemporains. Ils sont plongés dans une éternité qui en fait les contemporains de toujours. Pour sonder leur mystère, Kacimi les a dépossédés de toute boursouflure, les a réduits à leur apparence élémentaire, là où il n’est plus possible de gratter sans atteindre l’essentiel. L’idée de l’universalisme de l’art était chère à Kacimi. Et les hommes qu’il peignait représentaient une réalité commune à de nombreux habitants de la Terre. Kacimi a continué à travailler jusqu’aux limites de ses forces. Il y a à peine 15 jours, il nous a confié qu’il était à Paris pour se soigner, et en vue de préparer une grande rétrospective de ses oeuvres, prévue à l’Institut du Monde Arabe en 2005. L’annonce de sa mort prend une allure atterrante pour ceux qui l’ont connu et aimé. Au déchirement amical s’ajoute la fin d’une fête revigorante: la découverte de ces derniers travaux n’aura plus lieu.

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