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Mohamed Fizazi dans un aquarium

© D.R

«Je n’ai tué personne». Une phrase prononcée, vendredi matin, par Mohamed Omari, l’un des trois kamikazes qui ont renoncé à la dernière minute à se faire exploser lors de ce vendredi noir du 16 mai. Dit-il la vérité ? C’est la question qui a hanté l’esprit de l’assistance durant toute la séance matinale. Il fallait attendre la séance de l’après-midi qui a été entamée vers 16h pour avoir la réponse. Âgé de 23 ans, père d’un enfant de sept mois, ce veilleur de nuit n’a pas nié être l’un des 14 kamikazes qui se préparaient à se faire exploser la nuit du vendredi 16 mai dans les cinq sites ciblés à Casablanca. «Ils m’ont rejoint, jeudi 15 mai vers 22h, chez moi au quartier Massira…», affirme-t-il à la cour. Ils étaient 14, selon ses déclarations : lui-même, Youssef Kawtari, Âdil Tayaâ, Khalid Benmoussa, Khalid Taïb, Saïd Âbed, Mohamed Ârbaoui, Mohamed Laâroussi, Abderrahim Belkaîd, Mohamed Hassouna, Abdelfettah Boulikdame, Mohamed M’haniyi, Hassan Taoussi et Rachid Jalil. Ils ont mangé avalé des sandwichs avant de visionner une cassette-vidéo concernant un cours de Hassan Abou Ayoub sur «Le paradis et l’enfer», explique Omari. Une sorte de préparation psychologique pour les kamikazes, semble-t-il. Ils se sont réveillés tôt le lendemain pour la prière d’Al Fajr. Après quoi, ils sont restés dans la maison de Omari jusqu’au moment de la prière d’Al Joumouâ. A l’exception de Mohamed Omari, personne n’est sortie pour effectuer cette prière à la mosquée. Pourquoi? Abdelfettah Boulikdane le leur a interdit, répond Omari. Ce dernier s’est rendu chez sa mère pour lui remettre un billet de 20 dirhams, puis à la mosquée avant de rejoindre ses «frères» avec du lait et des dattes en mains. Ils ont tous mangé, à l’exception de Youssef Kaoutari, qui jeûnait. A ce moment, précise-t-il, Abdelfettah Boulikdane préparait les explosifs à la terrasse. Tous les kamikazes se sont rasés la barbe et ont changé leur vêtement d’afghan pour des pantalons, des tricots et des tee-shirts. «…Contrairement aux autres, j’ai gardé ma barbe et je n’ai pas changé de vêtements… », précise Omari. Répartissant les individus en cinq groupes, Abdelfettah Boulikdane l’a gardé pour celui qui irait à l’hôtel Farah (ex-Safir). «A bientôt au paradis…», se sont-ils dit, en s’embrassant avant de prendre leur chemin à destination de leurs cibles respectives. « J’ai renoncé à la dernière minute à participer aux attentats-suicide… », affirme Omari à la cour, en ajoutant avoir été obligé de les accompagner sinon il aurait été tué. Sur un ton d’exclamation, le président lui a demandé de s’expliquer sur le fait que les kamikazes se soient réunis et ont passé la nuit chez lui et que les bombes ont été fabriquées chez lui. Il lui a demandé pourquoi il était sorti chercher un médicament quand Abdelfettah Boulikdane avait eu une malaise et qu’il les a accompagnés, à bord d’un taxi, avec un sac à dos plein d’explosifs et muni d’un détonateur, d’une bouteille remplie d’un produit explosif et d’un briquet qui sert à allumer une mèche en cas de dysfonctionnement du détonateur. Il avait plusieurs possibilités de prendre la fuite et d’alerter les autorités, lui explique la cour. En guise de réponse Omari a affirmé avoir être menacé par Abdelfettah Boulikdane, muni d’un couteau, qui lui a dit que «celui qui se rétracte mérite la mort ». Craignant d’être tué par ses «frères», il a choisi de les accompagner. Sur les lieux, il a été mis devant les trois autres kamikazes dont Abdelfettah. «Je ne voulais pas tuer des Musulmans…J’ai jeté le sac à dos sans actionner le détonateur et j’ai pris la fuite… ». Après la première déflagration, il a perdu connaissance pendant quelques minutes avant de se réveiller et de prendre la poudre d’escampette. Heureusement, il a été arrêté par des riverains. Omari n’a pas cessé un seul moment de pointer du doigt l’un des kamikazes, Abdelfettah Boulikdane. Il le considère comme chef de file, qui a veillé sur l’opération depuis le jeudi 15 mai jusqu’au moment de l’exécution des attentats. «C’est lui qui m’a recruté au départ dans le courant de Ahl Sunna Wal Jemaâ », affirme-t-il. Auparavant, selon ses déclarations devant la cour, il accompagnait les adeptes de Jemaâ Tabligh Wal Irchad, qui font la «Daâwa» en appelant les gens à faire la prière. Puis, il a rejoint les rangs du groupuscule de Miloudi Zakaria, «Assirate Al Moustakime» (Droit Chemin). «J’ai assisté aux cours de Miloudi Zakaria et de Brahim Firdaous (son bras droit)… Il parlait des mécréants, du Jihad, de combat contre les juifs…je ne comprenais pas bien ce qu’ils expliquaient parce que je suis analphabète… », précise-t-il à la cour. Il a été influencé par Miloudi Zakaria jusqu’au jour où il a voulu se marier. «Il nous conseillait de nous marier sans acte de mariage… ». Depuis, il a fait la connaissance d’Abdelfettah par le biais de Abdelhak Sebbagh. A propos de Abdelhak Moule Sebbate, considéré comme l’émir national de la Salafiya Jihadia, Omari a affirmé à la cour qu’il ne le connaissait pas. «J’ai entendu parler de lui et je suis parti à Fès pour me marier… ». Omari n’a pas tout révélé. Il a gardé des points obscurs sans explications. Le deuxième kamikaze, Rachid Jalil, qui a renoncé à la dernière minute à se faire exploser devant l’Alliance Juive, a précisé, également qu’il a accompagné les kamikazes sous peine d’être tué. Il en veut pour preuve le fait d’avoir jeté son sac à dos bourré de produits explosifs et être retourné chez lui avant d’arriver à la cible. Seulement sa participation aux préparations, la veille et le jour du vendredi 16 mai, aux attentats dément ses déclarations devant la cour. Celle-ci a interrogé également Yassine Lahnech qui a nié être un kamikaze de réserve et a commencé l’interrogatoire de Mokhtar Baoud pour lever l’audience vers minuit après avoir décidé de la reprendre ce lundi matin. Par ailleurs, les théoriciens de la Salafiya Jihadia, Mohamed Fizazi, Omar Haddouchi, Abdelkrim Chadli, Miloudi Zakaria, comparaîtront à l’audience d’aujourd’hui en compagnie de Mustapha Dabte, Saïd Ghilane et Saïd Aguemir.

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