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Mohamed Moubdii: «Le Mouvement populaire aura 65 sièges dans les prochaines élections !»

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Entretien avec Mohamed Moubdii, ministre délégué chargé de la fonction publique et de la modernisation de l’administration

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Je ne comprends pas la raison de ces dernières protestations alors que le dialogue est toujours ouvert avec les syndicats. Nous  sommes en train d’étudier leurs revendications et d’essayer d’y répondre dès que possible.
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ALM : Vous présidez les travaux de ce 12ème forum. Quel est l’apport de ce genre d’activité au partenariat Maroc-Afrique ?

Mohamed Moubdii : Ce forum constitue un espace d’échange d’expériences, de partage de réflexions et de débats enrichissants et fructueux sur les problématiques liées à la modernisation du service public. Ce partage d’expériences et d’expertise a toujours été une composante essentielle dans les relations de coopération du Maroc avec les autres pays africains frères. SM le Roi Mohammed VI n’a cessé, dans cette perspective, et depuis son intronisation, d’effectuer de nombreuses visites dans plusieurs pays africains, en imprimant à la coopération du Royaume avec les pays africains un nouvel élan, qui a concerné aussi bien la coopération en matière de développement humain que la coopération sectorielle visant plusieurs domaines.

Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir la «Dimension culturelle de la gouvernance publique responsable dans la poursuite des objectifs de développement durable» comme thème principal pour cette édition?

La thématique choisie pour ce 12ème forum vise notamment à mettre en exergue le rôle majeur de la culture dans les stratégies de construction et de mise en œuvre d’une gouvernance publique responsable dans la poursuite des Objectifs de développement durable (ODD). La dimension culturelle de la gouvernance publique orientée vers les ODD apparaît ainsi comme le chaînon nécessaire à toute politique de réforme. Elle structure toute la pensée de la gouvernance autour des mécanismes d’inclusion des acteurs, d’adaptation des moyens ainsi que leur mise en adéquation avec les demandes de leurs destinataires et des structures qui devront, en définitive, permettre les transformations nécessaires et assurer leur succès.

Comment avez-vous eu l’idée de la création du prix panafricain du service public remis lors de ce forum ?

Il a été décidé de créer ce prix lors de la 53ème session du conseil d’administration du Cafrad et du 11ème forum panafricain sur la modernisation des services publics et des institutions de l’Etat tenus, en 2015, à Marrakech. L’objectif de ce prix est de primer et d’encourager la créativité et l’innovation pour un service de qualité au profit du citoyen. Il s’agit essentiellement de récompenser les innovations en matière de gouvernance, motiver les fonctionnaires pour promouvoir l’innovation, rehausser l’image du service public et renforcer la confiance dans le gouvernement d’une part, et d’autre part, identifier et partager les initiatives réussies pour une éventuelle mutualisation entre les pays. Nous avons convenu, au niveau du conseil d’administration, d’étudier les dossiers de candidatures présentés par les pays membres du Cafrad et nous avons retenu un ensemble de projets, notamment ceux ayant un impact sur l’amélioration de la qualité des prestations de services fournis aux citoyens. Il s’agit d’un couronnement des efforts fournis par le Cafrad et l’ensemble de ses membres. Les forums organisés, depuis 12 ans, ont contribué largement à l’intégration de nouvelles approches et de nouvelles pratiques novatrices en matière d’amélioration du service public en Afrique.

Quels sont les services ciblés par ce prix ?

Ce prix est décerné cette année suivant les trois catégories, notamment l’administration électronique «solution mobile» et «service en ligne», l’innovation et l’amélioration de la qualité du service public et la promotion de l’approche genre dans la fonction publique. Pour chaque catégorie, nous avons choisi deux projets ayant reçu respectivement un prix d’excellence et un prix d’encouragement.

Quelle est la contribution du Maroc, en tant que président du conseil d’administration du Cafrad, dans la mission de ce centre en Afrique ?

Le Maroc a été désigné comme président du conseil d’administration du Cafrad, depuis sa création en 1964, à l’initiative du Royaume et avec le soutien des Nations Unies et à travers l’Unesco. Il y est depuis représenté par son ministre de la fonction publique et a ainsi fait preuve de son volontarisme et de son engagement pour le développement du continent africain. Le Maroc a toujours eu cure de moderniser son administration publique et lever les obstacles techniques, administratifs et financiers inhérents à l’action des services publics, ainsi que de contribuer au développement de celles des pays africains. Il s’est engagé, depuis la création du Cafrad, à accompagner les efforts de cette institution pour en faire un hub de partage du savoir-faire et de connaissances en matière de modernisation de l’administration publique.

Quel est le bilan de vos réalisations ainsi que vos perspectives à la tête du département de la fonction publique ?

Nous avons pu prendre le train en marche et réaliser un bilan conséquent. Nous avons, sur la base des directives royales, mis en place un plan d’action cohérent et intégré pour la période allant de 2014 à 2016. Il s’articule autour de trois axes, à savoir les ressources humaines, la relation entre l’administration et le citoyen ainsi que la gouvernance et l’organisation. Le volet sur le capital humain vise la refonte du statut général de la fonction publique et la réforme des régimes de retraite. La consolidation de la prévoyance sociale des fonctionnaires, le soutien de la formation continue et l’organisation des affaires sociales figurent aussi parmi les actions de ce volet, auxquelles s’ajoutent l’évaluation et la révision du système de nomination aux hautes fonctions et la gestion moderne des ressources humaines. Il s’agit pour le deuxième volet d’améliorer l’accueil et le traitement des plaintes, la simplification des procédures administratives et le soutien de l’administration électronique et la création des guichets de proximité pour les services administratifs.  Concernant la gouvernance et l’organisation, cet axe porte sur la lutte contre la corruption à travers la mise en place d’une stratégie nationale intégrée, l’élaboration de la charte de déconcentration administrative, d’une nouvelle version du projet de loi relative au droit d’accès à l’information et d’une charte du service public.

Qu’en est-il du projet de loi de retraite ayant été à l’origine des protestations syndicales, dont la dernière grève organisée à travers le Maroc ?

Nous sommes un pays de droit et pour la liberté d’expression. Nous ne sommes pas contre la grève que nous considérons comme un droit. Je ne comprends pas la raison de ces dernières protestations alors que le dialogue est toujours ouvert avec les syndicats. Nous  sommes en train d’étudier leurs revendications et d’essayer d’y répondre dès que possible. Nous devons faire appel au sens de la responsabilité de toutes les parties prenantes. Tous les rapports et études concluent qu’il faut réformer notre système de retraites. Le projet prévoit l’augmentation de la participation aux cotisations des adhérents. Mais nous nous sommes engagés, en parallèle, à augmenter les salaires de 4%. Nous ne cherchons pas ainsi la confrontation, mais à réaliser l’équilibre financier de l’Etat.

Pourriez-vous nous parler, en tant que membre du bureau politique du MP des préparatifs de votre parti pour la prochaine bataille électorale ?

Les préparatifs vont bien malgré les désaccords et confrontations entre les partisans. Nous sommes en train de mettre en place les mécanismes et instruments qu’il faut pour y être mieux représentés dans toutes les régions. Je pense que le MP aura son mot à dire lors des prochaines élections. Notre parti est mobilisé pour y obtenir les résultats qu’il mérite et j’espère qu’ils seront meilleurs que ceux obtenus lors des dernières législatives. Nous aurons nos 65 places garanties.

Qu’en est-il pour le différend vous opposant au ministre du tourisme, Lahcen Haddad?

En tant que responsable politique, militant et membre du bureau politique du MP, je n’ai de différend avec personne. M. Haddad est parmi les ministres et militants du parti que je respecte beaucoup. Le seul différend que j’ai avec lui concerne l’approche et la manière d’entreprendre les préparatifs pour les prochaines élections.  En tant que coordinateur du MP dans la région de Béni Mellal-Khénifra, j’ai la responsabilité de veiller au respect des règles et des critères tels qu’ils sont établis par les instances du parti et non en empruntant des raccourcis en dehors des structures légales du parti et que tous les candidats doivent être mis sur le même pied d’égalité pour l’intérêt de notre formation politique. Nous souhaitons avoir un parti crédible, fort, plus transparent, bien organisé à même de garantir sa place à l’échelle politique. C’est dans ce contexte que nous souhaitons entamer les prochaines élections. Et nous considérons que tout comportement irrespectueux des principes et règles disciplinaires du parti est une supercherie politique.

Est-ce que vous envisagez de vous présenter aux prochaines législatives ?

Personnellement, j’ai beaucoup travaillé pour mériter ma place en tant que militant, responsable politique et membre au sein de l’actuel gouvernement. Je pense que j’ai encore beaucoup à donner pour servir mon pays et contribuer à son développement ; c’est ce qui me motive à me présenter aux prochaines législatives. J’espère gagner le prochain scrutin comme c’était le cas lors des précédentes législatives. Il n’en empêche que je respecterai le choix des électeurs quels que soient les résultats obtenus. Pour ma part, en tant que coordinateur, je dois respecter le choix et le mérite de l’accréditation tels qu’ils seront arrêtés par les instances du parti. Je ne peux que me plier devant les décisions de ces instances. D’ailleurs, je n’ai rien à démontrer là-dessus. Je rappelle qu’en 2007, le choix du parti n’a pas répondu à mes attentes et partout je m’y suis plié. Loyauté, dévouement, respect tels sont mes principes pour mon parti et ses structures.

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Cinq pays africains reçoivent le prix panafricain du service public
Le Maroc a été parmi les pays récompensés par ce prix, et ce dans la catégorie «administration électronique». Ce qui a permis au Royaume de remporter les deux mentions d’excellence et d’encouragement. Il s’est vu ainsi attribuer le prix d’«excellence» (en matière de services en ligne) grâce à son projet de simplification et de dématérialisation des procédures du commerce extérieur. Le Royaume a aussi reçu celui d’«encouragement». Et  ce, à travers son application mobile e-justice, qui vise à offrir aux prestataires des informations judiciaires par mobile. Les quatre autres pays africains, en l’occurrence la Côte d’Ivoire, le Niger, le Cameroun et le Nigéria, ont été distingués dans la catégorie «innovation et amélioration de la qualité dans les services publics». La Côte d’Ivoire s’est vu attribuer le prix d’excellence grâce à son Système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat (SIGFAE). Le même prix a été décerné au Niger pour son Service public ambulant «SPA», le Cameroun pour son projet relatif à l’amélioration du système des droits des agents publics et le Nigéria pour son outil d’auto-amélioration des structures parapubliques.
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Cafrad: Une gestion assurée par différentes structures
logo-CAFRADLe conseil d’administration qui se réunit en session ordinaire une fois par an, et en session extraordinaire si nécessaire.

-Un comité exécutif, composé du président du conseil d’administration et de sept membres représentant les cinq sous-régions du continent africain, du représentant du Maroc (pays hôte) et du directeur général, qui a pour rôle d’étudier et de faire des recommandations sur les documents à soumettre au conseil d’administration.

Les nouveaux membres du comité exécutif du Cafrad pour la période 2015-2017 sont : la Guinée-Bissau, le Nigéria, le Togo, le Soudan, la République Démocratique du Congo, le Gabon, l’Afrique du Sud, la Tunisie.

-Un conseil scientifique qui met en place, sous la présidence du directeur général, le programme de travail du centre avant de le soumettre au conseil d’administration.  – Une direction générale, qui est l’autorité exécutive du centre, est responsable de l’exécution des décisions et directives du conseil d’administration.

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