Le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville a convoqué ses états généraux hier à Rabat pour débattre – avec ses cadres et des responsables d’Al Omrane- de la meilleure manière d’assurer la convergence en vue de conduire son ambitieux programme de logements et d’aménagement des centres urbains. Présidant cette rencontre, le ministre a dit l’urgence qu’il y a à coordonner les actions dans un domaine où le foisonnement des initiatives prises sans concertation préalable menace l’équilibre de l’ensemble. En fait, Nabil Benabdellah qui a parlé au cours de cette réunion en politicien et en sa qualité de ministre, y a tenu un langage technique circonstanciel d’où n’a pas été absent le souci de la concertation et de la solidarité gouvernementales. Il a ainsi laissé entendre que le ministère veut prêcher d’exemple en matière de coopération et d’approche participative à un moment où, lui semble-t-il, les sorties individuelles ne laissent pas d’étonner. Ces piques mises à part, il a également dit l’importance d’un secteur qui pèse 6,7% du PIB, constitue l’un des moteurs de la croissance, et a engendré plus d’un million d’emplois dont quelque 30.000 en 2011. Il a également annoncé que la production en logements s’est montée à 150.000 unités, mais que cela reste en deçà du rythme susceptible de résorber un déficit croissant. C’est pourquoi il a estimé que l’enjeu est de taille puisqu’il ne s’agit rien moins que de permettre une prise de conscience «des 5 défis annoncés dans le programme gouvernemental et l’engagement à respecter les délais pour leur mise en œuvre». En tête de ces enjeux vient l’amélioration des outils de la planification territoriale ainsi que l’institutionnalisation et la mise en œuvre de l’interministérialité. Cette dernière notion recouvrant le souhait du ministère d’assurer le contrôle et le suivi des constructions aux côtés de l’intervenant classique qu’est le ministère de l’intérieur. Pour l’habitat en effet, une politique de la ville efficiente passe par ce contrôle. Et c’est sans doute pourquoi le 2ème défi est intitulé mise en place des fondements de la politique de la ville et vient avant la résorption du déficit en matière d’habitat, la qualification et l’encadrement du secteur de l’immobilier et la consécration de la bonne gouvernance. Cependant, cette hiérarchisation n’est qu’apparente et le ministre a dit l’importance qu’il y a à agir sur tous les plans afin d’être conforme à la Constitution et trouver logement décent au citoyen dans des villes autrement réparties que sur le littoral où elles se pressent à rendre l’assiette foncière inexistante. Nabil Benabdellah a en effet fait remarquer que l’essentiel de la population citadine réside au bord de l’Atlantique et que le gros de cet essentiel se rencontre sur l’axe Kénitra-Casablanca. Il a donc estimé que la création de villes nouvelles est capitale. Pour peu qu’elle se fonde sur la concertation qui évite l’éparpillement des efforts et le cafouillis des réalisations. Eu égard à cette perspective, le ministre a affirmé la nécessité de trouver solution aux problèmes rencontrés par les couches à revenu modeste pour s’acquitter de leurs tranches de crédit. «Si nous ne nous attachons pas à régler cette question, c’est tout l’édifice du logement social qui risque de se lézarder», a-t-il dit. Exhaustif en ce qui concerne l’existant et les perspectives, le propos du ministre a cependant sonné comme une invite à Al Omrane, bras séculier de l’Etat en matière d’habitat. Se tournant parfois vers le président du directoire de la holding d’aménagement, Nabil Benabdallah a nettement affirmé son souhait de contractualiser les actions d’Al Omrane, et d’en assurer le suivi et le contrôle au moyen d’un observatoire qui pour avoir reçu au préalable de plus larges compétences, s’attachera à plus faire place au cas de la holding. Comme pour convaincre davantage de cette volonté, Nabil Benabdellah a à plusieurs reprises dit l’importance en laquelle il tient la transparence et la publication de l’information. Elle seule est susceptible de faire taire les critiques, a-t-il déclaré. Mais presque tous les présents ont remarqué que le ministre a réservé le meilleur pour la bonne bouche quand il s’est posé la question du «que faire ?». Faut-il varier et accroître l’offre en logements en priorité ou au contraire privilégier la lutte contre l’habitat insalubre ? Doit-on donner l’importance à la planification ou à la règle de l’exception? Entre lutte contre la spéculation et la rationalisation de la gestion, laquelle est la plus urgente ? C’est en fait sur ces priorités que les états généraux de l’habitat doivent se prononcer. Badre Kanouni, lui, l’a déjà fait quand présentant le bilan d’Al Omrane en 2011 et ses ambitions pour l’année qui court, il a déclaré qu’il souscrivait à la feuille de route du ministère.