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Pakistan : Le père de la bombe a vendu la mèche

Le père de la bombe atomique pakistanaise, Abdul Qaeer Khan, a bien vendu, entre 1986 et 1993, des secrets explosifs à l’Iran, à la Corée du Nord et à la Libye. L’information distillée hier par toutes les agences fait suite à une enquête ouverte voilà deux mois sur l’affaire de transfert de technologie d’Islamabad vers les pays de « l’axe du mal » selon la terminologie de Georges W. Bush. Les autorités pakistanaises n’ont pas encore annoncé officiellement la nouvelle. Un haut responsable militaire affirme toutefois que le scientifique a reconnu ces faits, ajoutant qu’il « reste à décider s’il sera jugé ou non ».
La nouvelle est tombée 48 heures après le limogeage de l’intéressé, jusque-là conseiller scientifique du Premier ministre pakistanais. D’autres scientifiques sont impliquées dans l’affaire, alors que d’anciens officiers de haut rang et des membres de services de renseignements, qui ne pouvaient ignorer les activités de Khan, n’ont toujours pas été inquiétés. Pour beaucoup d’experts, ces aveux marquent la fin de parcours d’un scientifique émérite, élevé au rang de héros national en 1998. C’est grâce à cet ingénieur en métallurgie, diplômé des écoles allemandes et belges, que la République islamique du Pakistan a rattrapé en quelques semaines son retard sur l’Inde en se dotant de la bombe atomique. L’histoire de ce savant atypique avec la bombe remonte au début des années 70 quand il est embauché dans un laboratoire chargé de mettre au point des centrifugeuses utilisées par l’industrie nucléaire pour le compte du consortium anglo-germano-néerlandais Urenco.
En 1976, c’est le retour au bercail avec la lourde tâche de révolutionner le programme nucléaire « civil » iranien. C’était l’objectif du Premier ministre de l’époque, Zulfikar Ali Butho. Le scientifique aurait-il volé des secrets à son ex-employeur ? C’est ce que pensent les services de renseignements occidentaux, américains en particulier. La justice néerlandaise l’a condamné pour vol de documents en 1983, avant que la condamnation ne soit annulée en appel. Toujours est-il, le retour de Abdul Qaeer Khan allait donner une impulsion décisive au Pakistan qui, dès 1978, était en mesure de produire de l’uranium enrichi. L’explosion nucléaire était déjà possible, elle, en 1984. Véritable héros national, Khan était au-dessus de tout soupçon jusqu’en mars 2001 lorsque le Général Pervez Musharraf l’écarte brutalement de la direction du Khan Research Laboratories (KRL), principal centre de recherche atomique, qui porte pourtant son nom depuis 1981. Nommé conseiller spécial auprès du Premier ministre sans mission officielle, Khan voit son étoile pâlir. Certains se rappellent soudain qu’il n’était qu’un « métallurgiste », et non un « scientifique ». Le père de la bombe atomique était en sursis depuis décembre 2003. L’enquête ouverte à cette date sur une dizaine de scientifiques et de responsables du programme nucléaire l’avait soigneusement ignoré au début. Cela, alors que des responsables sont interrogés dans le secret. Mais les pressions internationales, notamment américaines, ont eu le dessus sur les soucis nationalistes de ménager un « symbole ».
La décision sur le sort du père de la bombe revient désormais au Général Musharraf lui-même. Un rapport de onze pages détaillant les aveux du héros lui a été transmis. Il y a quelques semaines, il annonçait des punitions sévères pour quiconque nuit aux intérêts du Pakistan en faisant allusion aux « proliférateurs ». C’était avant de savoir qu’un héros national pouvait être aussi « prolifération » de la technologie nucléaire. A suivre.

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