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Première audience du «procès Comanav» : Les avocats critiquent la procédure

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A la première audience du procès de la Comanav qui s’est ouverte lundi à Rabat, ce qui n’aurait dû être qu’un pur examen de formes lors duquel la défense présente ses requêtes quant au respect des procédures et des règles, a en fait donné lieu à de très rudes empoignades entre le ministère public et les avocats des accusés. Ténors du barreau pour la plupart, les défenseurs ont haussé le ton d’entrée de jeu en n’hésitant pas à poser les questions de fond et même à contester le bien-fondé du procès.
Abdellatif Wahbi en particulier, le défenseur de Tawfiq Ibrahimi, principal accusé et ancien PDG de la compagnie de navigation maritime – théâtre des faits jugés-, a qualifié le procès de règlement de comptes, osant même le taxer de politique. Très critique de la procédure suivie, il a estimé que parce qu’elle est basée sur des écoutes téléphoniques, l’arrestation de son client est illégale. Il a, en outre, considéré que les charges retenues contre ce dernier – qui comparaissait devant le tribunal en état de détention – sont inexistantes et que le dossier du ministère public est vide. «En fait, a déclaré l’avocat, les accusations portées contre mon client ne sont étayées par aucun élément tangible et se résument à cinq phrases dites dans un appareil téléphonique placé sous écoute».
Abdellatif Wahbi faisait allusion à des conversations entre Tawfiq Ibrahimi et Mohamed Chemchati, l’un de ses coaccusés alors secrétaire général de la section des matelots affiliés à l’Union marocaine du travail qui comparaît également en détention.
Au cours d’un de ces échanges, le syndicaliste aurait dit à l’ancien PDG de Comanav son intention et celle de ses amis «de faire exploser Tanger». Tawfiq Ibrahim n’a cependant reconnu que le fait qu’il avait intimé aux matelots de bateaux de la compagnie saisis à Sète de rester à bord en dépit de la mesure conservatoire ordonnée par la justice française, «sinon c’est foutu». Son défenseur a considéré que ces propos n’établissaient pas expressément la véracité des faits reprochés à son client et que du reste l’instruction avait déformé leur réalité en y voyant une incitation à la grève.
Plus procédurier, mais tout aussi critique, le bâtonnier Abderrahim  , un des ténors du barreau de Rabat, a commencé par demander l’ajournement du procès «afin de permettre à la défense de prendre connaissance des éléments de l’affaire». Il en a profité pour décocher quelques flèches au magistrat instructeur qu’il a accusé de refuser à la défense de faire des photocopies des documents versés au dossier. Estimant que les 41 CD sur lesquels le ministère public a fondé ses accusations sont essentiels à la révélation de la vérité, il en a demandé la communication aux avocats de la défense. L’ancien bâtonnier a, en outre, estimé que les règles de la procédure n’ont pas été observées lors des arrestations puisque celles-ci ne sont motivées que par des propos recueillis par écoutes téléphoniques. La charge d’atteinte à la sûreté de l’Etat n’est pas étayée par les faits et n’est en réalité qu’une invention, a-t-il laissé entendre.
Outre Tawfiq Ibrahimi et Mohamed Chemchati, trois autres prévenus sont poursuivis dans cette affaire en état de détention, tandis qu’un quatrième y comparaît en liberté provisoire. Ils sont accusés de constitution de bande criminelle, d’atteinte à la sécurité de l’Etat, de divulgation du secret professionnel et de destruction de biens publics.

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