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Procès Argana : Les parties civiles excluent la peine capitale

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La surprise a été totale en audience du tribunal antiterroriste jeudi quand les avocats des parties civiles se sont déclarés hostiles à la condamnation à la peine de mort des neuf accusés de l’attentat d’Argana. Les juges, les avocats des inculpés, la presse et une bonne partie de l’assistance ont totalement été pris au dépourvu par cette demande. Lors de leurs plaidoiries, ces avocats ont eu des propos très durs à l’adresse d’Adil Al-Atmani et de ses complices vers lesquels ils se sont souvent tournés en les désignant à l’assistance comme des criminels endurcis dénués de tout sentiment humain qui méritent à peine la corde pour les pendre. Aussi quand, au beau milieu d’un plaidoyer où il a décrit la souffrance des victimes et la douleur de leurs proches, un des avocats marocains a manifesté la volonté de ses clients de ne pas s’associer à des réquisitions demandant l’application de la peine capitale, l’auditoire en est resté abasourdi. On a même vu le président de la Cour se pencher vers ses assesseurs dans l’intention manifeste de leur demander s’ils avaient entendu la même chose que lui. Conscients de ce que cette requête n’est pas courante de la part de gens qui ont perdu des proches, les avocats des victimes ont demandé à la Cour d’en prendre note. L’un d’eux, Frank Bertrand, a rappelé que ses clients ont formulé ce souhait par conviction que la mort ne rend jamais justice et par égard pour la célébration du trentenaire de l’abolition de la peine de mort en France. Un autre avocat français, Eric Moutet, a résumé un sentiment général chez les parties civiles en concluant sa plaidoirie par «oui à la justice, non à la vengeance!». Mais cette condamnation de la peine capitale de la part des proches des victimes européennes n’est pas la seule surprise de cette journée riche en rebondissements. Les parents des victimes marocaines, elles aussi, ont refusé de souscrire à un éventuel prononcé de peine capitale. Leurs avocats ont affirmé que leurs clients ne voulaient pas la mort de ceux qui ont tué leurs proches, mais souhaitent simplement que justice soit faite «dans un pays où le système judiciaire et l’éthique sont similaires à ceux qui ont cours dans leurs pays». Cette audience marathon au cours de laquelle la défense des parties civiles a plaidé la cause des victimes a également connu une longue interruption quand est venu le tour des avocats français de prendre la parole. Ceux du camp adverse ont fait remarquer que, ne parlant pas le français, il leur est difficile de répondre aux arguments développés par leurs collègues étrangers. Après d’interminables palabres, une solution médiane a été trouvée quand les uns et les autres ont accepté que les plaidoiries soient traduites et présentées ultérieurement à la Cour. Abderrahim Jamaï, autre défenseur des victimes qui devra plaider lors de la prochaine audience, a pris sur lui de présenter ces traductions à la reprise du procès le jeudi 20 octobre. On prévoit que sa plaidoirie sera suivie de celles des avocats des accusés et des réquisitions du procureur.

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