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Syrie : Assad de plus en plus isolé

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Le président syrien Bachar al-Assad est de plus en plus isolé après que les Arabes, dont le poids lourd saoudien, se sont joints aux protestations internationales contre la répression de la révolte mais rien ne semble pouvoir arrêter la machine de guerre du régime. Pour la première fois depuis le début de la contestation populaire il y a près de cinq mois, le roi saoudien Abdallah a annoncé dimanche le rappel de son ambassadeur à Damas pour «consultations», incitant le régime syrien à «arrêter la machine de mort» «avant qu’il ne soit trop tard». L’annonce saoudienne est survenue après une nouvelle journée sanglante où l’armée, chargée de mater les manifestations, a tué 54 civils, en grande majorité dans la localité de Deir Ezzor, au nord-est de Damas, où les chars sont intervenus, selon des militants syriens des droits de l’Homme. Dans une nouvelle tentative de convaincre le pouvoir de cesser de réprimer la contestation populaire appelant au départ de M. Assad, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu est attendu mardi à Damas pour adresser un message fort aux autorités, Ankara se disant «à bout de patience». La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a d’ailleurs demandé à M. Davutoglu de leur dire de «renvoyer les soldats dans leurs casernes». Mais la tâche du ministre turc semble ardue, le régime n’ayant jamais reconnu l’ampleur de la contestation et continuant d’accuser des «hors-la-loi» de semer le chaos pour justifier le recours à la force qui a coûté la vie à plus de 2.000 personnes depuis le 15 mars, selon des ONG des droits de l’Homme. «Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l’Etat qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens», a ainsi déclaré M. Assad. Il a, parallèlement à la répression, annoncé des réformes -élections libres, multipartisme, levée de l’état d’urgence- mais sa crédibilité est fortement entamée aux niveaux international et interne et la violence de la répression a radicalisé les manifestants qui ne veulent plus maintenant que son départ. L’opposition et les militants affirment que ces réformes sont de la poudre aux yeux et exigent une réforme en profondeur de la Constitution qui garantit au seul parti Baas, au pouvoir depuis 1963, le statut de «dirigeant de l’Etat et de la société». Après l’Occident qui a imposé des sanctions au régime Assad, la Russie qui désormais l’appelle à cesser les violences, le Conseil de sécurité de l’ONU et les monarchies du Golfe qui le pressent d’arrêter la répression, la Ligue arabe l’a pour la première fois exhorté à mettre «immédiatement» fin aux violences. Le roi saoudien a, lui, été plus loin. Outre le rappel de l’ambassadeur saoudien pour «consultations», il a estimé dans un communiqué que la répression des protestataires syriens «contrevient à la religion, aux valeurs humaines et à la morale». Mais le régime de M. Assad, qui a succédé à son père Hafez el-Assad, mort en 2000, est resté jusque-là sourd aux protestations. Il a rejeté les ingérences étrangères et accusé les médias internationaux, interdits de circuler librement en Syrie, de diffuser des «mensonges». Sur le terrain, le mouvement de contestation ne s’essouffle pas malgré la répression. Pour le mois de jeûne sacré du Ramadan, commencé le 1er août, les groupes de militants qui chapeautent les manifestations organisent des défilés tous les jours, notamment après la prière du soir. Après l’offensive le 31 juillet contre la ville rebelle de Hama (centre), où plus de 100 personnes ont péri, l’armée a envoyé dimanche ses chars à l’assaut de Deir Ezzor (430 km au nord-est de Damas) tuant 42 civils, puis de Houlé, près de Homs (centre) où au moins dix civils ont péri, selon Abdel Karim Rihaoui, le chef de la Ligue syrienne des droits de l’Homme. Selon Rami Abdel Rahmane, un autre opposant, quelque 250 chars et transports de troupes blindés ont participé à l’offensive de Deir Ezzor. La deuxième ville du pays, Alep (nord), a également été le théâtre de manifestations nocturnes où des centaines de personnes ont réclamé la chute du régime et proclamé leur solidarité avec Deir Ezzor et Hama, selon M. Abdel Rahmane. Mais comme d’habitude, les médias officiels ont justifié l’intervention de l’armée par la «présence de groupes terroristes» en omettant de mentionner le mouvement de contestation.

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