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Abdallah Ibn Omar (1)

Une autre fois, alors qu’il était assis avec des musulmans, il récita *Malheur aux escamoteurs *qui lorsqu’ils achètent aux gens leur prennent large mesure * et lorsqu’ils leur rendent, à la mesure ou au poids, leur font perdre * n’appréhendent-ils pas, ceux-là, d’être ressuscités * en un Jour solennel *un Jour où les hommes comparaîtront devant k Maître des univers. Puis, il se mit à répéter un Jour où les hommes comparaîtront devant le Maître des univers. pendant qu’il pleurait à chaudes larmes.
Sa générosité, son ascétisme, sa piété agissaient en lui en une grande harmonie pour former les qualités de l’homme vertueux. En effet, lbn Omar donnait sans compter parce qu’il était un généreux; il donnait la chose bonne, licite parce qu’il était un pieux, et il ne se souciait pas que sa générosité le laisserait pauvre, parce qu’il était un ascète. Certes, lbn Omar avait des revenus appréciables -il était un commerçant- et aussi une pension que lui versait le Trésor public (Bayt al-Mal). Mais il ne réservait pas tout cela à lui seul. Au contraire, il en donnait aux pauvres, aux démunis, etc…
Ayoub ben Wail racontait qu’lbn Omar avait un jour reçu 4000 dirhams et une pièce de velours. Le jour suivant, il le vit au souk en train d’acheter à crédit une quantité de fourrage pour sa monture.
Alors, Ayoub alla interroger la femme d’Ibn Omar: «N’a-t-il pas reçu 4000 dirhams ainsi qu’une pièce de velours? – Oui, répondit-elle. Je l’ai vu aujourd’hui au souk en train d’acheter du fourrage pour sa monture, sans en avoir le prix… – Il n’est rentré hier soir qu’après avoir distribué la somme. Puis il a pris la pièce de velours sur son épaule et il est sorti. A son retour, elle n’était plus avec lui. Nous lui avons posé la question et il a répondu qu’il en avait fait don à un pauvre.»
C’est vrai, Ibn Omar n’était pas un avare. Les biens matériels ne faisaient que passer par ses mains. Il en donnait toujours aux nécessiteux et aux pauvres. Et puis, il ne mangeait jamais seul.., il invitait régulièrement des orphelins ou des misérables. C’est pourquoi les pauvres se mettaient sur son chemin, pour être invités.
Le bien matériel était au service d’lbn Omar, non un maître, un moyen de vie, non de faste. Sa fortune n’était pas à lui seul mais aussi aux pauvres. C’était sa piété qui l’avait aidé à être généreux. Il ne se passionnait pas pour les biens de ce monde comme il ne les recherchait pas. Il se suffisait du simple vêtement pour s’habiller et de la nourriture pour dominer sa faim.
Une fois, un ami venant de Khorasan lui offrit un vêtement doux. lbn Omar dit, en le touchant: «Est-ce de la soie?» – Non, dit l’autre, c’est du coton. – Non, dit Ibn Omar en repoussant l’habit de sa main, je crains qu’il ne me transforme en un vaniteux. Alors que Dieu n’aime pas le vaniteux.»
Une autre fois, un ami à lui apporta un bol rempli et le lui offrit: «Qu’est-ce que c’est? demanda lbn Omar. – C’est un médicament très efficace, dit son ami, je te l’apporte d’Irak. Et que guérit ce médicament? – Il aide à digérer les aliments. Digérer les aliments? dit lbn Omar en souriant, mais je ne me suis jamais rassassié depuis 40 ans.»
Ainsi, depuis une quarantaine d’années, il ne mangeait que pour tromper la faim. Il menait sa vie ainsi par piété et ascétisme. Il avait pour parangon le Messager (ç) et il craignait qu’on lui dît au Jour de la résurrection: Vous avez épuisé vos bonnes actions durant votre vie d’ici-bas, à loisir vous en avez joui. Il savait bien qu’il n’était que de passage dans cet ici-bas.
Maymoun ben Mahran: «Je suis entré chez Ibn Omar et j’ai évalué ce qu’il y avait comme couche, couverture, tapis, etc. Tout cela n’équivalait pas les cent dirhams.» Cela n’était pas dû à la pauvreté, puisqu’lbn Omar était riche, et cela n’était pas dû à l’avarice puisqu’Ibn Omar était généreux. Au contraire, cela était le résultat de l’ascétisme. Quand on lui parlait des plaisirs de ce monde, il disait: «Mes compagnons et moi, nous nous sommes unis pour une cause, et je crains, si je les contredis, de ne pas les rejoindre.»
Par ailleurs, lbn Omar avait dit: «Ô Dieu! Tu sais bien que si ce n’est le fait que nous te craignons, sûr que nous ferons concurrence contre les nôtres que sont les Qoraychites.» En effet, si ce n’était la crainte de Dieu, il aurait disputé le pouvoir. Mais il n’avait pas besoin de se jeter dans la bataille pour cette vie d’ici-bas.On lui avait proposé le khalifat plusieurs fois, on avait bien voulu lui forcer la main par des menaces de mort au cas où il refusait le poste de khalife. Mais lui refusait. Al-Hasan (r): «Après l’assassinat de Othman ben Affan, ils ont dit à Abdallah ben Omar: "Tu es le seigneur des gens, ainsi que le fils de leur seigneur. Alors, sors pour que nous t’assurons l’allégeance des gens." il a refusé. Sur ce, ils ont dit: "Ou tu sors ou nous te tuons sur ta couche!" Il leur a dit la même chose. Ils l’ont appâté, ils lui ont fait peur, mais ils n’ont rien eu de lui.»
Plus tard, quand les troubles devinrent plus graves, un homme alla le trouver et lui dit: «Il n’y a pas pire que toi pour la communauté de Mohammad. – Mais pourquoi? Par Dieu! Je n’ai pas fait couler leur sang, je n’ai pas divisé leurs rangs et je n’ai pas brisé leur union. – Si tu décides d’accepter le khalifat), il n’y aura même pas deux pour diverger à cause de toi. – Je n’aime pas, quand j’obtiendrai le pouvoir, que quelqu’un dise: "Oui" et qu’un autre dise: "Non".
Plus tard encore, quand Mouawiya ben Yazid démissionna de son poste de khalife, Marouan alla proposer à lbn Omar d’être le nouveau khalife. "Donne-nous la main pour te prêter allégeance. Tu es le seigneur des Arabes, ainsi que le fils de leur seigneur, dit Marouan.
– Que ferons nous des habitants du Levant? dit Ibn Omar.
– Nous leur frapperons le cou jusqu’à ce qu’ils prêtent allégeance!
– Par Dieu! Je ne veux pas du tout (de ce pouvoir).»
lbn Omar avait toujours condamné l’usage de la force entre les musulmans. C’est pourquoi il avait adopté une position de retrait, de neutralité quant au conflit sanglant entre les partisans de Mouawiya et les partisans d’Ali. Mais son non-alignement ne signifiait pas qu’il se taisait devant les injustices. Il avait maintes fois exprimé son opposition ou son désaccord contre Mouawiya alors que celui-ci était au sommet de sa puissance. Un jour, al-Hajjaj avait dit dans un discours: «lbn az-Zoubayr a procédé à des falsifications dans le Livre de Dieu.» lbn Omar avait alors dit immédiatement à voix haute: «Tu mens! tu mens! tu mens!»
Malgré son franc parler, il était très soucieux de ne pas avoir le moindre rôle sans le conflit armé qui secouait les musulmans. D’autre part, il était très peiné de voir les musulmans qui s’entretuaient.
Toutefois, son cœur était avec Ali (r). A la fin de sa vie, il avait dit: «J’ai de la peine pour une chose que j’ai laissé passer dans cet ici-bas. C’est que je n’ai pas combattu avec Ali la troupe tyrannique.» Quand il avait refusé de combattre avec l’imam Ali (r) qui avait le droit de son côté, il l’avait fait par refus des troubles’ dans la communauté musulmane. Lorsqu’il fut interrogé sur sa réserve à soutenir l’imam Ali, il avait dit: "Ce qui m’en empêche c’est que Dieu a interdit de faire couler le sang du musulman. Dieu a dit Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus trouble, et que la religion soit rendue à Dieu. Nous avons agi en conséquence. Nous avons combattu les polythéistes jusqu’au jour où la religion a été rendue à Dieu. Mais, aujourd’hui, pourquoi combattrions-nous? J’ai combattu alors que les idoles remplissaient le Sanctuaire du coin jusqu’à la porte… Est-ce que je combattrai aujourd’hui celui qui dit il n’est de dieu que Dieu."
Ainsi raisonnait-il, ainsi argumentait-il. Il refusait tout simplement la guerre civile dans la communauté musulmane. Il détestait qu’un musulman dégainât son sabre contre un autre musulman.

• «Des hommes autour du Prophète»
Khalid Mohammad Khalid
Traduction : Abdou Harakat
Ed. Dar Al-Kotob Al-Ilmiyah
Beyrouth, 2001 – 224 pages

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