Nous sommes le jeudi 16 septembre 2004. Abdelali Hadi est dans le bureau du juge d’instruction près la Cour d’appel d’Agadir. Sans être inquiet, il avoue ses crimes, ne cache rien, divulgue tout et en détail. Stupéfait, le juge d’instruction lui demande s’il regrette d’avoir commis ces crimes monstrueux.
Abdelali lui répond clairement et sans détour : «Cela ne concerne que moi et Dieu». Trois mois plus tard, l’affaire est entre les mains des juges de la chambre criminelle. L’opinion publique n’attend que le jugement. Une première audience a été fixée, mais reportée. Un deuxième report. Et voilà, ce jeudi 2 décembre, la Cour présidée par Me. Mohamed Aïroud, entame l’interrogatoire d’Abdelali Hadi. Toujours calme, il avoue ses crimes :
« – Comment te sens-tu quand tu tues ta victime ?
– Vraiment, je me sens heureux quand je muselle l’enfant et j’abuse de lui, je sens une exaltation extrême quand il rend l’âme devant mes yeux.
– Le meurtre des enfants te rend heureux ? Comment ?
– Je ne sais pas, M. le président. Mais je sens quelque chose de bizarre. Et je ne le regrette qu’après avoir enterré l’enfant. Parce que je sais qu’il va rejoindre les autres enfants pour se tenir tous debout devant moi quand je plongerai dans un profond sommeil.
– Gardes-tu une rancune contre les enfants?
– Non, M. le président.
– Et pourquoi les tuer ?
– D’abord, je choisissais les enfants violents qui passent la majorité de leur temps à la gare routière de Taroudant et ceux qui sont homosexuels. J’étais toujours généreux avec l’enfant ciblé. Mais quand il est chez moi, en ma compagnie, je n’arrivais pas à me contrôler. Je le bâillonne, lui ligote les mains, et puis j’abuse de lui et enfin le tuer quand j’ai mon orgasme.
– Qu’est-ce que tu ressens quand tu les enterres ?
– Rien. Mais quand je dors la nuit, je rêve d’eux.
– Tu préférais être maltraité et violé quand tu étais enfant ?
– Non, M. le président.
– Tu n’as jamais été victime de viol ?
– Oui, M. le président. Quand j’avais quinze ans, seize clochards de Bensergaou m’ont violé à tour de rôle. Je n’oublierai jamais ce qui m’est arrivé ce jour. C’était difficile pour moi.
– Tu abuses toujours des enfants?
– Oui, j’abuse toujours d’eux et je donne vingt dirhams à chaque enfant.
– Tu les tues ou tu leur remets des billets de vingt dirhams ?
– Je leur promettais de leur donner vingt dirhams. Mais, enfin je les tue.
– Tu n’as jamais pensé te livrer à la police?
– Oui.
– Quand ?
– Il m’est arrivé de le faire une seule fois. Mais, j’ignore pour quelles raisons j’ai renoncé à me présenter à la police et leur dire que je suis le tueur. Abdelali Hadi répond sans détour. Et parfois sans attendre la question. Fixant de ses yeux le président de la Cour, il ne tourne pas ses yeux vers l’assistance.