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Ahmed Herzenni : «La justice est nécessaire pour institutionnaliser la démocratie»

© D.R

ALM : La réforme de la justice a été au centre du neuvième discours du Trône. Pourquoi la justice aujourd’hui ?
Ahmed Herzenni : La justice, aujourd’hui, hier et demain, est, a été et sera toujours le fondement principal de l’Etat de droit, voire de toute la société qui veut simplement durer. Il est normal donc que SM le Roi fixe au pays comme but prioritaire la réforme du système judiciaire, dans le sens de l’indépendance, de la modernité et de l’efficacité. La transition démocratique, dans le sens étroit du terme, est pratiquement terminée. J’estime que nous sommes dans la phase de l’institutionnalisation de la démocratie. La réforme de la justice est, justement, une composante essentielle de cette institutionnalisation. Nous ne pouvons donc que nous réjouir des directives données par SM le Roi au gouvernement concernant la réforme du système judiciaire. Au CCDH, nous avons d’ailleurs commencé, depuis quelque temps, déjà à travailler sur les recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) relatives à la justice, pour leur donner plus de consistance et en faire des propositions concrètes. Et nous serons heureux de faire profiter le gouvernement du fruit de nos efforts. Il est certain que les juges sont moins enclins à attendre des directives ou des « suggestions » de cette autorité ou de l’autre. Il est certain, également, que ces autorités elles-mêmes sont désormais moins enclines à intervenir dans les affaires de la justice. Plusieurs signes indiquent qu’il y a de plus en plus de juges compétents et jaloux de leur indépendance. Tout cela nous pousse à l’optimisme. Ceci dit, il faut institutionnaliser davantage. Les rapports entre le ministère de la Justice et le Haut Conseil de la magistrature, par exemple, doivent être éclaircis s’ils doivent être maintenus. La formation des magistrats doit être revue. Leur situation matérielle  doit être substantiellement améliorée. Toutes ces questions seront obligatoirement traitées dans des ateliers qui vont s’ouvrir.

SM le Roi a mis en place le concept de « sécurité judiciaire ». Que veut dire pour vous ce concept ?
La sécurité judiciaire veut dire que le citoyen est confiant dans la justice, qu’il est sûr, au cas où il aurait affaire à la justice, que la justice serait … juste.

La politique éducative s’est révélée être un réel échec au Maroc, en dépit de nombreux efforts. Qu’est-ce qui empêche ce secteur de décoller ?
Très franchement, et j’ai déjà eu l’occasion de le dire, et je me permets de le dire d’autant plus que j’ai plus d’une raison de m’estimer comme un membre de la famille de l’enseignement, s’il y a des dysfonctionnements dans le système éducatif, ils sont, principalement bien que non exclusivement, dus à une baisse du niveau de formation des enseignants et, plus grave, à une baisse de leur niveau d’engagement. Il est malheureux d’avoir à le dire, mais il faut le dire, nous avons, dans ce métier comme dans d’autres, un problème de déontologie. Le système éducatif se redressera lorsque les enseignants, de plus en plus nombreux, se dresseront pour dire : Assez ! Assez d’absentéisme ! Assez de manque de préparation des cours ! Assez pour tout le reste ! Bien entendu, les parents, démissionnaires en général, eux aussi, devront rejoindre leur mouvement. Les élèves et les étudiants, eux-mêmes, devront collaborer. Pour cela, le minimum qu’on leur doit est de les traiter comme des partenaires, non comme d’éternels mineurs. Il faut les associer à la gestion des établissements scolaires et universitaires. Il faut non seulement les autoriser mais les encourager à s’organiser. On ne mesure pas assez la perte que constitue le déclin de l’UNEM et des Amicales lycéennes. Ma conviction est que le système éducatif, comme tous les systèmes, dépend de ses acteurs. Il faut revitaliser ceux-ci. Bien entendu, tout ce qui doit être fait en même temps, l’actualisation permanente des programmes et des méthodes, la mise à niveau des infrastructures, etc, doivent être faites.

La réhabilitation de la classe moyenne a occupé une bonne place dans le discours royal. Quel rôle peut jouer cette classe dans le Maroc d’aujourd’hui ?
La sociologie a, depuis longtemps, établi qu’il n’y a pas de démocratie, voire de stabilité sociale et politique, sans l’existence d’une large classe moyenne. On ne peut donc que se féliciter de la récente prise de conscience. Maintenant, favoriser l’élargissement de la classe moyenne ne veut, bien entendu, pas dire oublier les catégories les plus vulnérables de la population, ni d’ailleurs lâcher la bride complètement aux catégories les plus riches. Encore une fois, tout cela demande de l’institutionnalisation. Les voies et moyens du développement et de la redistribution de la richesse nationale doivent faire l’objet d’une négociation nationale permanente, d’un dialogue social vrai, sincère et inclusif. C’est là, je crois, le sens de l’appel de SM le Roi à l’activation du Conseil économique et social prévu par la Constitution. 

La problématique énergétique a été également soulevée par le Souverain. Que peut faire le Maroc face au renchérissement de la facture énergétique ?
Je ne suis pas un spécialiste de la question. Je dirais simplement que notre situation actuelle nous impose, d’un côté, un grand effort d’économie, d’un autre côté la combinaison de toutes les ressources auxquelles nous pouvons accéder, des énergies renouvelables traditionnelles à l’énergie atomique, en passant par le charbon et, s’il le faut, les schistes bitumineux, tout en nous souciant quand même de l’écologie et de la protection de l’environnement.  

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