La Nasa a lancé, samedi, Phoenix, dernière sonde martienne américaine en date qui doit, pour la première fois, aller creuser le permafrost des régions arctiques de la planète rouge pour tenter d’y détecter la possibilité de l’émergence d’une vie. La fusée Delta 2 à trois étages s’est arrachée au pas de tir de la base aérienne de Cap Canaveral en Floride (sud est) comme prévu à 09H26 GMT (05H26 locales). Une dizaine de minutes plus tard la sonde a été mise en orbite terrestre pendant environ 80 minutes avant que le rallumage du moteur du deuxième étage du lanceur, suivi peu après par la mise à feu du troisième étage, donnent à Phoenix la poussée finale pour entamer son périple de 680 millions de kilomètres vers Mars.
L’arrivée est prévue le 25 mai 2008 pour une mission de trois mois. La sonde se posera sur un site plat, sans rocher, à une latitude correspondant au nord de l’Alaska sur la Terre. «Nos instruments sont spécialement conçus pour trouver des signes de fonte périodique de glace et déterminer si cette région arctique étendue de Mars constitue un environnement habitable pour des microbes», a expliqué avant le lancement Peter Smith, de l’université d’Arizona (sud ouest), principal scientifique de la mission.
Ces instruments peuvent, en analysant la composition du permafrost martien, trouver des molécules de carbone et d’hydrogène -des éléments nécessaires à la vie- ainsi que d’autres composants chimiques et déterminer ainsi si une forme de vie primitive a été ou est encore possible sur Mars.
Une fois sur la surface de Mars, Phoenix déploiera un bras articulé de 2,35 mètres capable de creuser à une profondeur d’un mètre. Les scientifiques espèrent que le robot trouvera de la glace.
Ils sont, désormais, d’accord pour penser que Mars, dont la formation date comme la Terre de quelque 4,6 milliards d’années, a été très humide à un moment de son histoire. L’orbiteur américain Mars Odyssey avait détecté en 2002 de grandes quantités d’hydrogène à la surface de la planète, signe appuyant la théorie selon laquelle de grandes étendues de Mars, y compris ses plaines arctiques, contiennent de l’eau gelée à moins d’un mètre de profondeur.
Deux autres robots américains, Opportunity et Spirit, qui continuent depuis plus de deux ans à explorer la surface de Mars, ont aussi trouvé ailleurs des indices de la présence d’eau dans le passé.
Avec ses deux antennes solaires déployées, Phoenix mesure 5 mètres de largeur sur 1,52 mètre de longueur et pèse 350 kilos, dont 55 kilos d’instruments scientifiques.
Phoenix dispose aussi d’une caméra et d’une sonde attachées à son bras articulé capable d’examiner le sol et la glace s’y trouvant. Le bras prélèvera des échantillons avec deux instruments dont un chauffant pour détecter toute substance volatile comme l’eau et des substances chimiques à base de carbone. Phoenix aura aussi une station météorologique qui mesurera l’eau et la poussière en suspension dans l’atmosphère. La sonde devrait accomplir sa mission avec des températures variant de moins 73 à moins 33 degrés Celsius.
Mais "se poser sur Mars est difficile", a récemment rappelé, Barry Goldstein, responsable du projet Phoenix au «Jet Propulsion Laboratory» de la Nasa en Californie (ouest). Le taux de réussite est de 50% sur les 14 missions (russes, américaines, japonaise et européenne) lancées depuis 1988.