Vers 8 heures du matin (heure locale) du samedi dernier, une vingtaine de trafiquants de drogue fortement armés, certains encagoulés, circulant à moto, en voitures et camionnette, dans le quartier de Sao Conrado, ont été surpris par une patrouille de police. Ils ont alors ouvert le feu sur les policiers aux abords d’un hôtel de luxe, l’Intercontinental. Une partie des bandits a réussi à prendre la fuite en direction de la Rocinha, la plus grande favela de Rio qui surplombe ce quartier chic, tandis qu’un autre groupe s’est réfugié dans l’hôtel, où il a pris 35 personnes en otages. Quelques heures plus tard, les otages étaient libérés par des policiers d’élite. Neuf ou dix assaillants ont été arrêtés et leurs pistolets-mitrailleurs et grenades saisis. La télévision locale a diffusé des images de la fusillade et de l’hôtel entièrement cerné par les forces de police et survolé par des hélicoptères. Selon le porte-parole de la police militaire, les recherches se poursuivaient dans l’hôtel pour tenter de retrouver d’autres membres éventuels du groupe armé. Le gérant de l’Intercontinental a déclaré avoir conseillé aux clients par radio et téléphone internes de l’hôtel -haut de 15 étages, où se déroulait un congrès de dentistes- «à rester enfermés dans leur chambre». «Aucun client n’a été blessé», a-t-il confirmé. Un spécialiste en sécurité et ex-policier, Rodrigo Pimentel, a «déploré» l’incident qui, selon lui, «souille l’image de Rio et éloigne les touristes», alors que de grands événements sportifs sont prévus au cours des prochaines années. La violence urbaine est un problème endémique dans l’Etat de Rio, en particulier dans les favelas où vivent plusieurs millions de personnes. L’Etat est l’un des plus violents du Brésil, pays qui enregistre chaque année plus de 40.000 assassinats, soit un taux annuel de 23,8 homicides pour 100.000 habitants, selon des chiffres publiés en 2009 par le ministère de la Justice. Pimentel a estimé que «des changements devront être établis dans le chronogramme de pacification des favelas» mis en place par les autorités locales pour améliorer la sécurité d’ici à 2014. «Il existe un chronogramme pour pacifier au moins 44 favelas. La Rocinha était la dernière de la liste, elle va devoir devenir prioritaire», a-t-il souligné.