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Des lettres persanes concernant le Maroc (7)

A mon arrivée à Larache, on me conduisit chez le gouverneur, qui était un fort beau nègre ; il me traita avec beaucoup d’égards, et me fit donner un appartement dans le château, qui me parut en bien meilleur état que celui d’Asilah. Larache était anciennement sous la domination espagnole. La ville est d’une moyenne grandeur, et passablement bien bâtie ; elle est située à l’embouchure de la rivière de Lucos sur une pente douce. Les circuits agréables de la rivière, les masses de dattiers et de toutes sortes d’arbres plantés irrégulièrement forment le coup d’oeil leplus pittoresque. La nature qui n’est là ni contrariée ni défigurée, ne peut manquer de paraître dans toute sa beauté. Quoique la ville ne soit point régulièrement fortifiée, elle est assez bien défendue par un fort et deux batteries de canons. Ses rues sont pavées ;la place, entourée de portiques de pierres, est assez belle. De toutes les villes que j’ai vues en Barbarie, c’est celle qui m’a paru la plus propre et la mieux ordonnée; j’en excepterai pourtant Essaouira. Les vaisseaux ont l’avantage de pouvoir être redoublés à Larache et d’y avoir leurs magasins, mais le port manque de bassins pour la construction des bâtiments. La profondeur de la rivière y fait mettre les vaisseaux de l’Empereur à l’abri pendant l’hiver : c’est le seul port de l’Empire où ils puissent être en sûreté en cas de mauvais temps. Il est probable qu’il aura le même sort que celui de Tanger. Le sable a déjà formé à son entrée un banc qui augmente sensiblement tous les ans.
Un de mes mulets s’étant blessé assez grièvement, je fus obligé de passer un jour à Larache pour m’en procurer un autre. Le bruit de mon arrivée s’étant répandu, en peu d’instants, ma chambre se trouva si remplie de malades, qu’on aurait pu la prendre pour une chambre d’hôpital. Les maladies que j’ai remarqué être les plus communes à Maroc, sont l’hydropisie et les inflammations aux yeux, qui causent souvent la perte de la vue ; la gale, mêlée d’affections lépreuses, l’hydrocèle et des tumeurs invétérées. J’ai aussi observé quelques fièvres intermittentes et bilieuses, des maux d’estomac occasionnés par de fréquentes indigestions. L’hydrocèle, si ordinaire dans ce pays, semble produite en grande partie par l’ampleur des vêtements et le relâchement des fibres provenant de l’extrême chaleur du climat. L’ophtalmie en est aussi une suite ; et ce qui doit la rendre plus commune, c’est la fatigue continuelle que les yeux éprouvent par la réverbération du soleil sur des maisons blanches. On peut ajouter à cette cause leurs vêtements qui ne sont pas propres à les garantir d’un soleil brûlant. Ils n’ont point la ressource des parasols, dont l’usage est réservé à l’Empereur seul. L’affection lépreuse semble être héréditaire : plusieurs générations de suite en sont souvent attaquées, ce qui peut faire soupçonner qu’elle a beaucoup de ressemblance avec la lèpre des anciens. Les pustules dont le corps est couvert forment, en quelques endroits, des ulcères qui paraissent se guérir, mais elles ne tardent pas à reparaître. Pendant mon séjour à Maroc, je voulus essayer d’attaquer cette maladie avec quelques remèdes qui ne firent qu’en tempérer les douleurs. Le mal reparaissait aussitôt que les malades cessaient le traitement que j’avais prescrit.
Les tumeurs et l’hydropisie viennent probablement de leur mauvaise nourriture : le peuple n’a pour vivre que du pain grossier, des fruits et des végétaux. Malgré tout le respect qu’on peut avoir pour les talents des médecins de ce pays, il est impossible d’avoir une haute idée de leur savoir. Les Maures et les Juifs les croient fort instruits ; cependant toute leur science se borne à choisir dans de vieux manuscrits quelques remèdes très simples qu’ils appliquent sans aucun discernement. Leur méthode ordinaire de traiter toutes les maladies est de commencer par la saignée ; viennent ensuite les ventouses, les scarifications et les fomentations. Ils font prendre aussi des décoctions de différentes plantes.

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