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Energie solaire : Le Maroc pourrait exporter vers l Europe

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ALM : Pouvez-vous déjà nous expliquer quelles sont les missions de Dii dont l’actionnaire principal est State Grid Corporation of China (SGCC)?

Noëlie Vegas : Dii a pour objectif de stimuler la création d’un marché des énergies renouvelables en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Concrètement, l’initiative évalue à travers différentes études la faisabilité d’une transition énergétique vers l’éolien et le solaire et propose des moyens de l’assurer. Elle met à disposition des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient son expertise afin d’accompagner leurs programmes solaires et éoliens nationaux. L’initiative ne construit pas elle-même de centrales solaires ou éoliennes mais agit en amont, en mettant en relation les différents acteurs de son réseau (industriels, politiques, scientifiques et représentants de la société civile) afin d’initier des projets multi partenariaux.

Une quarantaine d’entreprises «actionnaires» et «partenaires associés» actives dans le secteur des énergies renouvelables soutiennent actuellement le travail de Dii. Si tous les partenaires apportent un soutien financier et partagent leur expertise sur les différentes thématiques traitées par l’initiative, seuls les actionnaires ont un droit de vote quant à l’orientation stratégique de Dii. La hauteur du soutien financier étant la même pour tous les actionnaires, State Grid Corporation of China est actionnaire au même titre que les 19 autres, avec le même droit de vote.

La SGCC évolue dans les énergies renouvelables. S’agissant du plus gros fournisseur d’électricité au monde, quelles sont vos vues sur le Maroc ?

Les intérêts de SGCC et de tous les actionnaires de Dii visent à créer un climat d’investissement favorable aux énergies renouvelables en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le Maroc a reconnu le potentiel des énergies renouvelables pour réduire à court terme sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et faire face à l’accroissement de sa demande d’électricité. Le Royaume a lancé une stratégie nationale de développement de ces technologies vertes, avec notamment un volet solaire ambitieux, dont les premières réalisations seront visibles très bientôt. La construction de la première centrale solaire (ndlr : technologie solaire thermique à concentration) à Ouarzazate a été lancée par l’agence marocaine de l’énergie solaire Masen et son co-partenaire ACWA Power (ndlr : d’ailleurs actionnaire de Dii) en septembre 2012.

Des négociations ont déjà été effectuées avec Masen. Quelles sont vos attentes à ce sujet ? Y a-t-il eu un aboutissement ?

La Masen et Dii ont travaillé ensemble sur un aspect de la stratégie solaire marocaine qui pourrait permettre au Maroc de générer des revenus à long terme: l’exportation de l’électricité d’origine renouvelable vers l’Europe. Prenant comme volume de départ pour l’étude une centrale solaire de 150 MW, les équipes de la Masen et de Dii ont déterminé sous quelles conditions juridiques, financières et techniques, l’électricité pourrait être exportée vers l’Europe. Ce document finalisé et dorénavant entre les mains de la Masen. Il sert de base technique pour les discussions politiques autour de l’exportation d’électricité à partir du Maroc et pourrait aider, sur le long terme, à faciliter un premier projet pilote d’exportation.
En plus de la Masen, Dii coopère au Maroc également avec l’ADEREE (ndlr: Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables) et la SIE (ndlr : Société d’investissements énergétiques), et salue toute autre collaboration permettant d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables au Maroc.

Vous parlez de la nécessité de raccorder l’Europe à l’Afrique du Nord en électricité…

Dii défend l’idée que les pays d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient auraient tout intérêt, d’une part à s’alimenter en électricité produite à partir d’énergies renouvelables, et d’autre part à raccorder leurs réseaux électriques, à l’image de la ligne qui relie l’Espagne au Maroc.

Produire de l’électricité verte comporte un certain nombre d’avantages : elle est propre, inépuisable et pour certaines technologies moins chère que l’électricité d’origine fossile. Dii a démontré à travers ses analyses que si les pays des deux rives de la Méditerranée raccordaient leurs réseaux, ils pourraient maximiser ces avantages. Les besoins d’électricité seraient couverts 24h sur 24 car plus le réseau est grand, plus il y a des chances que le soleil brille ou le vent souffle à un endroit et donc alimente le réseau en électricité de manière ininterrompue. En outre, l’électricité serait moins chère car produite sur les sites les plus rentables de la région. Nous pourrons citer, à titre d’exemple, les régions désertiques de la rive Sud de la Méditerranée ou sur les côtes du nord de l’Europe, riches en ressources éoliennes. Dii recevra un soutien financier dans le cadre du programme Ten-E de la Commission européenne afin de conduire une étude de faisabilité sur une nouvelle ligne électrique entre l’Italie et l’Afrique du Nord, évaluant plusieurs points de raccordement avec le réseau italien en Algérie, en Tunisie et en Libye.

Opérez-vous déjà dans d’autres pays de la région Mena ? Si oui, lesquels et quels sont les projets les plus saillants qui représentent votre activité dans la région ?

Dii s’intéresse à la transition énergétique et ses acteurs dans toute région Afrique du Nord-Moyen-Orient. L’initiative a collaboré notamment avec les fournisseurs d’électricité Sonelgaz en Algérie et STEG en Tunisie sur des études de faisabilité dans le cadre des stratégies nationales de développement des énergies renouvelables des deux pays. L’initiative collabore avec d’autres organisations telles que RECREE et NREA en Égypte, EDAMA en Jordanie et GCCIA en Arabie Saoudite pour faciliter la mise en place de projets d’énergies renouvelables (ndlr: production et transport d’électricité).
Au travers de ces coopérations, Dii a identifié la nécessité de créer un fonds d’investissements REDIMENA (ndlr : Renewable Energy Development and Investment Vehicle for MENA) qui apporterait aux développeurs de projet un capital de départ plus important, les aidant ainsi à surmonter les premières phases les plus risquées des projets. Dii prépare avec la société de conseil Suntrace une étude de faisabilité qui fournira la base de cet outil d’investissement. Le but est d’identifier des investisseurs qui doteront le fonds d’un capital initial de 30 millions d’euros.

Le consortium que défend Dii est constitué de près de 40 sociétés dans le monde. Quelle est sa prédisposition à accompagner le Maroc pour atteindre ses objectifs dans le cadre de sa politique énergétique ?

Dii a accumulé ces quatre dernières années un savoir-faire poussé sur la mise en place de projets d’énergies renouvelables en Afrique du Nord et au Moyen-Orient qu’elle est prête à partager avec des opérateurs au Maroc. Afin d’identifier leurs besoins et de proposer des solutions adéquates, Dii les encourage à entrer en contact avec ses experts afin de définir ensemble des solutions personnalisées, qu’il s’agisse de financement de projets, d’aspects plus techniques ou encore d’identification de partenaires. Dii est, en outre, en train d’élargir son réseau d’entreprises et salue tout particulièrement les adhésions de nouveaux partenaires marocains.

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