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Homme de guerre, homme de paix

Le 13 septembre 1993, sur l’esplanade de la Maison-Blanche, une poignée de main entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin fait le tour du monde. Les deux peuples, longtemps ennemis, qui sont déchirés pendant de longues décennies allaient enfin vivre en paix, côte-à-côte. En effet, l’accord signé entre l’Organisation de libération de la Palestine et Israël comporte une clause d’une grande importance : les deux parties se reconnaissent. L’accord vise à établir une autorité intérimaire palestinienne autonome pour la bande de Gaza et une zone autour de Jéricho.
Cependant les questions relatives au statut permanent (réfugiés, statut de Jérusalem, implantations israéliennes dans les territoires occupés) sont exclues de ces accords. A Washington ce jour-là, Yasser Arafat a pu obtenir enfin une consécration internationale. De chef d’une tribu nomade, il devient président d’une Autorité nationale. Le paria se voit décerner le prix Nobel de la paix quelques mois plus tard.
Mais pour beaucoup, le leader palestinien a commis, en signant ces accords, deux grossières erreurs. D’un côté, il n’a pas exigé le gel des colonies. Pour d’autres, aucune autorité tierce n’est garante de l’accord et ne peut obliger les parties à le respecter. Le processus de paix est ainsi accéléré puisque de nombreux accords s’ensuivent, comme ceux du Caire sur l’autonomie de la bande de Gaza et de Jéricho en mai 1994, le traité de paix entre Israël et la Jordanie en octobre 1994, les accords d’Oslo II de septembre 1995 entre Israël et la Palestine, prévoyant le retrait d’Israël de six zones de peuplement israéliennes. Malgré le blocage dû à l’avènement du gouvernement de Nétanyahou en Israël, le processus reprend suite aux pressions américaines en octobre 1998 avec les accords de Wye Plantation. Pas une échéance fixée dans la déclaration de principe ne sera tenue. Chaque accord six au total sera renégocié. Tous ces accords se caractérisent par le fait qu’ils sont dus à la pression américaine sur Israël, qu’ils sont bilatéraux, hors du cadre de l’ONU et qu’ils sont plus à la recherche d’une solution pragmatique que d’une solution globale. Mais ces accords eux aussi se heurtent à des difficultés d’application et à de nombreux blocages dus en grande partie à Israël.
Mais le conflit est plus politique que susceptible d’être réglé par des voies politiques. Les deux parties en présence, Israël d’une part et les Palestiniens d’autre part, peuvent invoquer chacun de leur côté des arguments valables pour appuyer leur cause. Il s’agit d’un problème essentiellement politique, que le droit international public n’est peut-être pas en mesure de résoudre : à chaque fois que des règlements conformes au droit ont été proposés, l’absence de volonté politique a conduit à leur échec. L’assassinat de Yitzak Rabin, les attentas successifs du Hamas et les actes de représailles des intégristes juifs, l’arrivée du Likoud au pouvoir en 1996 ont ainsi sérieusement compromis le processus de paix. La décennie 1990 s’est ouverte sur un espoir immense : celui d’une paix enfin scellée entre Israël et tous ses États voisins. Elle s’est achevée par une conflagration violente qui dresse à nouveau Israéliens et Palestiniens face à face alors que le Moyen-Orient tout entier est dans l’oeil du cyclone. Comment ce renversement a-t-il pu s’opérer si vite ? Comment le rêve d’un nouveau Moyen-Orient cher à Shimon Peres s’est-il transformé en cauchemar ? Comment, alors qu’à l’été 2000 Israéliens et Palestiniens semblaient à la veille de conclure un accord de paix historique, à Camp David, ont-ils fini par s’engager dans un processus de guerre ? La mort de Yasser Arafat, présenté par les Israéliens comme étant le grand obstacle à la paix y changerait-elle quelque chose ? Attendons pour voir.

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