ALM : Comment avez-vous intégré le domaine de stylisme ?
Jamila Lafqir : Au début de ma carrière, j’ai participé aux défilés nationaux et internationaux en tant mannequin. Je créais mes habits moi-même, je me souviens très bien lors d’un défilé de mode à Agadir, et lorsque j’ai terminé mon travail, j’ai porté un caftan avec des bottes marrons. J’ai créé ce caftan à partir d’un tissu africain. Il y avait plusieurs journalistes et photographes qui m’entouraient et prenaient des photos de moi. Enfin de compte, j’ai compris que la tenue que j’ai portée lors de cette soirée a séduit ces gens. Ce jour là, j’ai commandé trois pièces et j’ai commencé à travailler sur ma collection pour le festival du film de Marrakech. C’était ma première collection lors de l’édition 2004.
Deux semaines après, je suis partie pour faire un stage à Paris, à Bruxelle et à Milan et c’est là où j’ai appris comment organiser des défilés de mode.
À partir de cette période j’ai commencé à rencontrer la presse et les journalistes marocains.
Au départ j’étais autodidacte, je suis rentrée à l’école de stylisme à Casablanca pour prendre des cours et comprendre comment faire les dessins à plaque ainsi que les coupes. J’ai fait des cours accélérés pendant deux ans pour que je puisse apprendre le plus vite possible.
Comment évaluez-vous votre carrière ?
En 2006, j’étais sélectionnée pour habiller les miss gagnantes de fâchions TV, c’était un rêve incroyable. J’ai fais pas mal des défilés au Maroc, je présente à chaque fois une nouvelle collection. J’étais invitée par une marque qui s’appelle «Meria» en Italie. Après 2007, j’organisais presque un défilé chaque deux mois. J’étais invitée par «Adama Paris» à Dakar en 2008. En novembre, j’étais à Ouagadougou pour assister à l’image fashion, un événement incroyable. En 2009, j’ai créé ma marque «Biliny Couture». J’ai fait une collection assez spéciale, qui mêle confection et artisanat. C’était un grand examen parce que cela demandait un travail élaboré au niveau de la finition qui doit être assez stricte. Il faut apprendre les choses avec amour, il faut prendre le temps pour réussir, c’est la clé de la réussite. Il faut continuer à travailler même s’il y a des problèmes et beaucoup de risques à prendre.
Que pouvez-vous nous dire sur votre expérience au cinéma ?
J’ai joué dans deux films, c’était une belle expérience pour moi. J’ai joué dans le téléfilm « Taraif Asdikaq » aux côtés de Aziz Hatab, Hanan Ibrahimi, Khalid Benchagra, et autres. J’ai des propositions pour jouer dans d’autres films, mais je n’ai pas encore trouver le rôle qui il me ressemble et qui me convient. Actuellement, je me concentre plus sur mon métier de styliste.
Comment évaluez-vous la couture au Maroc ?
Les stylistes rencontrent de grands problèmes. Il faut faire voyager notre artisanat vers l’étranger. Je connais beaucoup de difficultés liées au secteur car les ateliers ne croient pas au produit artisanal. J’ai passé six mois pour réaliser une collection, j’ai perdu beaucoup de temps et après ils n’acceptent pas le produit fini, en plus ils demandent des prix incroyables. On n’a pas des bureaux d’études comme ailleurs pour jeunes stylistes. La seule chose qui nous protège c’est l’artisanat. Parce qu’au Maroc il y a vraiment une concurrence incroyable d’autres pays notamment la Chine.
Quels sont vos projets ?
J’ai reçu des invitations pour participer à des festivals aux niveaux national et international. Il y a toujours des créations, «des bébés» qui naissent de temps en temps.
Quelles sont les couleurs que vous aimez?
J’aime le rouge, j’adore le mélange du blanc et du noir. J’aime aussi le rose, le bleu Majorelle. J’aime bien les designs, la décoration.
Comment passez-vous votre temps libre?
Dans mon temps libre, j’aime bien danser, j’aime également voyager car c’est ce qui me donne plus d’occasions de découvrir de nouvelles choses et de m’inspirer